Après les référendums dans le sud de l’Ukraine, l’annexion des régions de Donetsk, Louhansk, de Kherson et de Zaporijjia, est à l’ordre du jour. Une annexion, c'est le fait de déclarer qu'un territoire appartient à l’ensemble territorial de celui qui l’annexe. Cela signifie que les quatre régions annexées deviennent russes et cessent d’être indépendantes. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la Délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Après les référendums dans le sud de l'Ukraine, dont les résultats n'ont pas été surprenants, l'annexion de certains territoires est à l'ordre du jour. Alors, on connaît les résultats des consultations organisées par les autorités russes. Tout cela s'est fait après une importante désertion de ces territoires par les Ukrainiens qui, justement, ne sont pas pro-russes. Alors, on a un « oui » très majoritaire à la question posée : « les populations souhaitent-elles l'annexion de leur région à la Russie ?» Et on parle d'annexion possible. Le vocabulaire russe, bien sûr, n'est pas le vocabulaire français et surtout en matière politique et juridique, chaque langue a ses termes, qui correspondent à une Histoire et à une législation. Mais le mot annexion, même s'il est tout à fait français, semble traduire assez exactement le geste du pouvoir russe. Annexer un territoire, c'est déclarer qu'il appartient à l'ensemble territorial de celui qui l'annexe. En clair, les terres en question deviennent russes, cessent d'être indépendantes. Alors, en français, on parle d'annexion. Souvent, d'ailleurs, on entend le mot « Anschluss » qui est un mot allemand, souvent employé dans d'autres langues quand on parle d'Histoire. L'« Anschluss », c'était au départ le mot du pouvoir nazi. Un mot tranquille, sûr de lui, pas du tout péjoratif, pour parler de l'annexion de l'Autriche au IIIe (troisième) Reich en 1938. Cela correspondait à la politique pangermaniste hitlérienne, c'est à dire que l'Allemagne voulait dominer l'Europe et même le monde. Et tout cela a commencé par une tactique d'expansion du territoire en question, des territoires étrangers à l'Allemagne, comme la Pologne, la Tchécoslovaquie et d'autres qui l'étaient moins parce qu'on y parlait allemand depuis très longtemps. Et une grande partie de la population se disait plus Allemande qu'autre chose. Alors, pour la Pologne, il y avait une invasion et une conquête, un territoire étranger passait sous domination allemande, alors que pour l'Autriche, l'affaire était différente. L'Autriche était d'un seul coup considérée comme une partie de l'Allemagne. Les choses aujourd'hui ne sont pas les mêmes entre la Russie et les régions concernées. Mais les similitudes sont quand même nombreuses, ce qui explique que couramment, on entend ce mot allemand « Anschluss » et ce mot, à la lumière de l'Histoire, aujourd'hui, il est, très franchement, un terme qui dénonce, un terme qui condamne. Quant au nom « annexion » et au verbe « annexer », en français, ce sont des termes tout à fait anciens. Annexer, d'abord, ça veut dire « rattacher » avec une idée de périphérie. L'annexe, c'est ce qui est juste à côté et donc, par extension, ce qui appartient à un pouvoir central. Et de façon figurée, on peut dire que le café qui est juste à côté du lycée, si l'on y va souvent, c'est l'annexe. Et le petit laboratoire à côté de la chocolaterie, là aussi, c'est l'annexe. Dans un contexte historique, le sens est bien sûr très différent.
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