À l'approche des élections au Brésil, la Chronique des matières premières était consacrée à la production de café dans le pays. L'occasion de se pencher sur l'histoire du mot « café », apparu dans la langue française au XVIIe siècle. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Quelle est la production de café au Brésil ? En fait, on n'en sait trop rien et on apprenait, par RFI, hier que les statistiques en cette matière étaient un peu fantaisistes. Alors, la proximité des élections brésiliennes fait qu'on s'intéresse plus qu'à l'ordinaire à ce pays, le café est l'une des richesses nationales. Donc il était à l'honneur dans notre Chronique des matières premières. Le café, une denrée familière au point qu'on la retrouve dans un certain nombre d'expressions différentes en français. On sait que le café, il est plus ou moins fort. De là, la phrase « Oh, c'est un peu fort de café », qui est tout simplement un superlatif, un intensif d'une autre phrase. « C'est un peu fort », ce qui veut dire « c'est culotté, on se moque de moi ». « Oh, c'est un peu fort de café », on se moque vraiment de moi là. Et le mot « café », comme la chose, d'ailleurs, arrive en France et dans la langue française courant XVIIᵉ (dix-septième) siècle. On l'a emprunté à la langue turque, qui elle-même l'avait emprunté à l'arabe. On commence à boire du café à Marseille. Petit à petit, ça remonte vers le nord du pays et tout le monde n'en boit pas, au début, parce que c'est une boisson rare, chère, luxueuse et très à la mode, de cette mode dont on se moque. « Racine passera comme le café», c'est une phrase proverbiale qu'on a faussement attribuée d'ailleurs à la Marquise de Sévigné, qui montre bien qu'on avait pris le goût de ce breuvage pour une passade qui serait oubliée rapidement, une mode. Et la comparaison avec Racine, l'un des auteurs classiques français les plus illustres, les plus joués, montre bien à quel point on peut se tromper sur le caractère éphémère d'une mode. Certaines passent, d'autres pas. D'autres s'ancrent profondément dans la culture, perdent du même coup leur statut provisoire. Quant au mot « café », il désigne aussi bien la graine que la boisson. Le plus souvent, on l'utilise avec ce qu'on appelle un article partitif : « du café », ça désigne une certaine quantité un peu vague : « j'achète du café », « je bois du café le matin ». Et si on dit « un café », on donne l'idée d'une unité, c'est à dire une certaine dose, une tasse de café : «oh je boirais bien un café ». Et bien sûr, le mot, rapidement, a désigné l'endroit où l'on pouvait en boire. Un lieu, aujourd'hui, où l'on sert aussi bien du café que des boissons alcoolisées. On peut s'attabler et souvent on parle du « café du commerce », un nom fréquent pour ce genre d'établissement. D'ailleurs, il y en a beaucoup des cafés qui s'appellent Café du commerce. Et ce qu'on appelle « une discussion du café du commerce », ça, ça renvoie à des échanges politiques très généraux, où les opinions tranchées ne sont pas étayées par des raisonnements ou des informations bien précises. C'est assez péjoratif quand on dit « c'est une conversation de café du commerce », ça veut dire : c'est une discussion politique où les gens n'y connaissent pas grand chose et ils disent un peu n'importe quoi.
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