« C'est parti ! »... Avec le début de cette Coupe du monde 2022, cette phrase va souvent retentir pour annoncer les débuts de matchs. Coup d'envoi, c'est une assez bonne formule au figuré pour représenter le début de la compétition. Mais si « coup d'envoi » annonce le début de quelque chose, il y a tout de même une nuance avec une inauguration. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
« C'est parti ! » C'est la phrase qu'on a entendu hier à propos du début de la Coupe du monde. Et cette expression, on l'entend souvent pour désigner un début, un premier pas, un premier mouvement qui montre qu'un événement est commencé avec une image tout à fait dynamique. Coup d'envoi, c'est une assez bonne formule au figuré pour représenter le début d'une compétition. Formule figurée, oui, mais très à propos quand même, parce que, au premier sens, l'expression vient du sport et notamment du football. Donc le coup d'envoi, c'est le premier choc qu'on va donner au ballon pour signifier que le match est commencé, que la balle est en jeu, que la partie est engagée. D'ailleurs, on parle souvent d'engagement en sport, par exemple au ping pong, alors qu'au tennis, on parlera plus volontiers de service. Et même on peut parler de démarrage avec une idée qui est toujours celle d'un début, et un effet de sens en plus. Le mot implique la plupart du temps une idée de soudaineté, comme si une impulsion vive était donnée. Alors bien sûr, on peut parler de démarrage en douceur, mais on joue presque avec les mots dans cette expression. Comme s'il était étrange d'imaginer un démarrage en douceur, comme s'il était bien étonnant, presque décevant, qu'on puisse démarrer lentement. En effet, on parle beaucoup plus d'un démarrage en trombe, par exemple. L'expression est toute faite, presque : rapide, accompagnée de vrombissement, trombe et vrombissement évoquent le même bruit. Et en effet, ce mot de démarrage, il est souvent associé à l'idée d'un moteur qu'on met en marche et qui se met à tourner très vite, très fort. Et pourtant, l'origine du terme est beaucoup plus silencieuse et progressive, car il nous vient de la marine. On démarre quand on largue les amarres. Je ne parle pas pour moi, mais on cesse d'être amarré, on se détache du port et tout doucement on s'en éloigne dans le froufrou d'une écume tranquille. Le décollage en général est plus bruyant, il s'agit d'un avion par exemple. Les hélices ou les turbines hurlent plus fort, mais le mouvement quand même est graduel, c'est-à-dire qu'on quitte le sol centimètre par centimètre. Et pourtant, si on ne veut pas retomber, il faut prendre de l'altitude le plus vite possible, regarder vers le haut et accentuer l'angle que l'appareil fait avec le sol. Ce qui explique que les usages de ce verbe décoller aient encore d'autres sous-entendus. On décolle quand les progrès sont foudroyants, quand le succès vient tout de suite, quand les résultats sont spectaculaires dès le début. L'image, là, est plus que dynamique, on est bien loin du simple commencement. Alors, il est vrai qu'on n'a pas parlé d'inauguration dans toute cette série de synonymes, pour une raison simple : l'inauguration a un caractère plus statique. Il ne s'agit pas essentiellement d'amorcer un processus qui se met en route, mais plutôt de fêter, disons la fin de la phase de construction. Que ce soit pour un bâtiment, une usine, une statue, on fait savoir de façon officielle, en grande pompe, que tout est prêt. On n'a plus qu'à mettre ça en route, quitte à moins s'en occuper lorsque ça fonctionnera.
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