Des grèves souvent assez impopulaires ont affecté en France et dans d’autres pays d’Europe d’ailleurs, cette période dite de fêtes. En particulier des grèves de trains, mises en place par des catégories de cheminots mécontents. Mais qui sont donc ces cheminots ? C’est ainsi qu’on appelle en général ceux qui travaillent dans les trains. On peut se demander pourquoi ce nom bizarre, mais on devine bien qu’il est dérivé de l’expression chemin de fer, le chemin de fer désignant l'infrastructure du train… Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Des grèves souvent assez impopulaires ont affecté en France et d'autres pays d'Europe d'ailleurs, cette période dite de fête. Et en particulier des grèves de trains, mises en place par des catégories de cheminots mécontents. Pas toutes d'ailleurs... Mais enfin certaines catégories. Alors on parle de cheminots, qui sont ces cheminots ? Eh bien, c'est ainsi qu'on appelle en général ceux qui travaillent dans les trains. On peut se demander pourquoi ce nom bizarre, mais enfin on va deviner qu'il est dérivé de l'expression chemin de fer. Et le chemin de fer, c'est le train, le train et tout ce qui l'entoure, évidemment. Alors, le mot apparaît dans la deuxième partie du 19e siècle pour désigner d'abord non pas tellement ceux qui conduisent ou entretiennent les locomotives, mais plutôt ceux qui construisent et entretiennent la voie ferrée, le chemin de fer au sens propre quoi.
Donc les cheminots, c'étaient d'abord des terrassiers qui avançaient le long de ces rails parallèles. Ce caractère ambulant du travail fait que le mot a été employé dans un sens différent, souvent d'ailleurs péjoratif. Le cheminot, c'est devenu le vagabond, le sans-logis, celui qui erre. Et c'est très différent. Pour différencier les deux emplois, on a fait deux mots qui se prononcent de la même façon mais qui ont deux orthographes différentes. Les chemineaux, e a u x, ce sont ces marcheurs sans but, alors que les employés des compagnies ferroviaires, ce sont les cheminots, o t s à la fin. Un terme qui va se charger de toute une histoire sociale parce que le train au XIXᵉ siècle a vraiment représenté la modernité comme plus tard la voiture, l'avion. Mais on a eu du mal à nommer ce nouveau mode de transport.
Train, par exemple, c'est non pas un nouveau mot, mais un nouveau sens pour un mot tout à fait ancien qui a désigné d'abord une suite, une troupe de gens en marche. C'est ça un train au XVI, XVIIᵉ siècle. Donc, il y a une adaptation du terme, mais pas une création. Chemin de fer est plus innovant, mais on a quand même recours à une image. L'image, elle est parlante, et elle a plu tout de suite. Est-ce qu'elle est imitée de l'anglais railway ? Oh, peut-être, on ne sait pas trop parce que ce mot de railway anglais apparaît après la mise en service de la ligne de Saint-Etienne en France. Alors c'est peut-être railway qui a emprunté l'image à la langue française, mais en fait on n'en sait rien parce que c'est trop ténu comme différence de temps. Et l'expression chemin de fer, elle a tout de suite eu du succès. Elle désigne beaucoup plus que les rails et les cailloux. C'est la suite même de la locomotive et des wagons. On dit maintenant voiture parce que le mot wagon est en principe réservé aux marchandises et aux bestiaux. Eh bien, c'est la suite de ces locomotives et de ces voitures qu'on appelle le chemin de fer.
إظهار أقل إظهار أكثر