Elisabeth Borne assure le service après-vente de la réforme des retraites. Une formule journalistique et ironique pour envisager toute l’activité de la Première ministre française, qui, au-delà de la présentation de cette réforme, tâche d’en faire l’explication et la publicité ! Mais comment comprendre cette formule, d’où vient-elle et quel est son sens premier ? Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Elisabeth Borne assure le service après-vente de sa réforme de retraite. Je l'ai entendu sur RFI, c'est un titre. D'ailleurs, c'est un bon titre parce qu'on entend là un style journalistique, une formule un peu décalée. Ça attire l'oreille, l'esprit, ça peut faire sourire. Elisabeth Borne assure le service après-vente de sa réforme. On veut simplement exprimer que la Première ministre, après l'annonce de sa présentation de réforme des retraites et après les réactions vives que tout cela a provoqué, continue de défendre ce projet, tente de l'expliquer, de faire de la pédagogie politique, notamment auprès de la presse.
Alors bien entendu, il ne s'agit pas vraiment d'un après-vente, pas au sens littéral, en tout cas, et même au sens figuré. Attention, il ne faut pas trop prendre ces mots au pied de la lettre, parce que Elisabeth Borne, elle ne l'a pas encore vraiment vendue sa réforme. Plus encore, on a bien l'impression qu'elle essaie là de la vendre maintenant. C'est-à-dire dans un langage très familier, là encore un peu journalistique, vendre sa réforme, c'est convaincre un maximum de gens, et en l'occurrence aux journalistes que cette réforme est positive. Si on utilise le terme dans son usage familier, bien sûr.
Comment comprendre notre première image : assurer le service après-vente ? Eh bien, on appelle service après-vente tout ce qui est mis en place par une entreprise, une marque ou même un magasin pour rester à la disposition d'un client après qu'une vente a eu lieu, et en particulier le service après-vente aide le client à se servir de ce qu'il a acheté. L'objet peut être vérifié ou révisé quelque temps après la transaction. S'il a un défaut, le défaut en principe sera réparé, éventuellement l'objet peut être changé s'il y a un vice de construction important. Et bien sûr, ça ne s'applique qu'à des biens relativement précieux ou importants : une voiture, une montre, un meuble peut être, une casquette, c'est plus difficile. Mais en tout cas, ce genre de service s'est généralisé à un tel point qu'on le désigne souvent désormais par ses initiales non pas uniquement service après-vente mais SAV ou même SAV. Et le mot se prête à des détournements plus ou moins ironiques humoristiques quand il s'agit de situations différentes dans lesquelles on doit essayer d'éviter des conséquences fâcheuses, des effets secondaires, des dommages collatéraux comme on dit aussi. Par exemple, un chirurgien esthétique peut s'adjoindre les services d'un psychologue qui suivra les patients après une opération. Comment s'adapter à un nez refait, à un changement de silhouette, à des traits dans lesquels on ne se reconnaît pas toujours tout à fait. Eh bien, le psychologue, il assure le service après-vente. Pourra-t-on dire plaisamment, ou bien de façon bien plus sérieuse et grave ? Si un pays met à la disposition d'un autre des armes, c'est souvent le cas en ce moment, depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, on dépêche des spécialistes pour former les futurs utilisateurs. Et là encore, parfois, on pourra dire de façon journalistique on assure le service après-vente.
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