Depuis un siècle, les expressions figurées liées aux voitures sont fréquentes en français : faire une sortie de route, terminer en queue de poisson, démarrer sur les chapeaux de roue, etc. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Le PS évite la sortie de route, nous indique RFI. On parle là bien sûr du congrès du Parti socialiste orageux qui s'est conclu sur l'élection d'un premier secrétaire, mais enfin qui a donné lieu à des conflits parce que les deux candidats arrivés en tête se disputent la victoire. Bon, on a trouvé un compromis difficilement car reconduit Olivier Faure à condition qu'un poste de premier secrétaire adjoint soit créé. Ce parti évite une crise explosive qui aurait pu le désintégrer. Il évite, nous dit-on, la sortie de route.
Voilà une image qui est empruntée au vocabulaire de la voiture. Une sortie de route quand on conduit plus encore si on fait une course automobile, peut être fatale. En tout cas, l'accident est grave le plus souvent et cela évoque une dérive. On a fait obliquer sa direction, on l'a incurvée. La conséquence de cette erreur remet en cause tout un parcours.
Alors, depuis un bon siècle, les expressions figurées qui sont liées aux voitures sont fréquentes. Certaines qui évoquent des situations négatives comme celles qu'on vient de mentionner ou même agressives, « la queue de poisson » par exemple. Une image étonnante. Il s'agit de cette manœuvre faite en général par imprudence, mais peut-être parfois par hostilité pour nuire. On double une voiture et hop, on se rabat trop vite et on l'oblige à freiner. On risque ainsi l'accident. Pourquoi une queue de poisson? Une interprétation assez libre de la façon dont les poissons nagent et vire de façon abrupte. Mais la plupart du temps, les formules figurées sont plus positives, liées à la vitesse ou à la puissance, parce qu'on sait que la voiture c'est un symbole fortement ancré dans l'imaginaire moderne. Donc on dit qu'on peut « démarrer sur les chapeaux de roues ». Allusion un peu étonnante, presque illogique. Mais enfin, on comprend l'idée. Comme si un départ foudroyant aplatissait les pneus et roule presque sur les enjoliveurs qui recouvrent le centre de la roue. C'est ça que jadis, on appelait les chapeaux de roue. On peut aussi se souvenir des transmissions mécaniques pour démarrer, on passe en troisième, en seconde, etc. On peut « passer la quatrième » ou « faire quelque chose en quatrième vitesse ». Alors aujourd'hui, la majorité des voitures est équipée d'une cinquième, même d'une sixième vitesse. Mais longtemps, la quatrième était le rapport qui permettait la vitesse la plus rapide. Alors ainsi, on peut aussi « appuyer sur le champignon », une formule un peu désuète puisque la pédale d'accélérateur de nos jours elle n'est plus surmontée de cette sorte de petit bouchon qu'on appelait un champignon. Mais bien sûr là, il s'agit d'accélérer, de donner davantage d'énergie et ainsi on peut rouler par exemple « pied au plancher », ou bien « mettre les gaz ». Et là on pense à la carburation. On dit aussi « mettre la gomme », mettre toute la gomme. Et là on pense plutôt au pneu qu'on use davantage. Si on les met davantage à contribution, même si ce n'est pas l'origine de l'expression. En tout cas, « on en a sous le capot », c'est-à-dire qu'on a de la puissance en réserve.
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