Taxi-brousse et taxi-compteur : des mots faciles à comprendre, mais qui sont des spécialités du français d’Afrique… Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Tous ceux qui ont fréquenté l'Afrique francophone, un peu ou beaucoup, ont bien sûr entendu parler des taxis-brousse. Oh, moins ces dernières années, probablement, parce que l'emploi du mot tend à se réduire. Ainsi d'ailleurs que son référent, c'est-à-dire la réalité qu'il représente : le taxi-brousse. Alors, qu'est-ce que c'est ? C'est une camionnette ou un minibus chargé du transport de passagers. Non pas dans une ville, non pas à l'intérieur d'une ville, mais entre plusieurs villes africaines. Ainsi, on peut dire qu'on va de Dakar à Saint-Louis, au Sénégal, en taxi-brousse. Et le mot a été fréquent surtout en Afrique de l'Ouest plus qu'en Afrique centrale. Mais enfin, on l'entend souvent également à Madagascar. Alors, ce taxi-brousse, il peut prendre une dizaine de passagers, parfois un peu plus. Et bien entendu, la formation du mot se devine toute seule. Taxi-brousse, c'est du transport interurbain de ville à ville, donc on traverse la brousse, l'espace rural.
Mais en Afrique, nombreux sont les modes de transports collectifs qui ont pris ce nom de taxi en lui accolant le plus souvent une précision. Par exemple, on parle d'un taxi-bâché, c'est-à-dire recouvert d'une bâche pour protéger les passagers, qui ne sont donc pas exactement à l'intérieur, mais qui ne sont pas non plus totalement à l'extérieur. Et là encore, le mot s'entend moins qu'il y a quelques années, comme le taxi-bar presque disparu dans le français d'Afrique contemporain.
Alors le plus souvent, on s'entend au départ sur le prix de la course. Mais il peut arriver que le taxi soit muni d'un compteur qui détermine combien on doit en fonction du temps et de la distance. Et là, on parle tout simplement de taxi-compteur. Est-ce que l'expression taxi-compteur est un pléonasme, c'est-à-dire un mot qui redouble l'information qu'il porte, qui dit deux fois la même chose ? On pourrait le penser. En fait, pas vraiment, parce que même si le mot taxi est au départ l'abréviation de taximètre, même si le taximètre est justement cet appareil qui tourne pour fixer le prix de la course, ce qu'on appelle taxi-compteur est un taxi particulier puisque, on vient de le voir, en Afrique, beaucoup de taxis n'ont pas de compteur.
Mais enfin, le mot qui est encore très courant, c'est taximan bien sûr, pour désigner le chauffeur. Un anglicisme. Man, on voit très bien, ça désigne l'homme qui se sert du taxi, qui conduit le taxi. Un anglicisme, encore qu'en anglais, l'expression soit concurrencée par taxi driver, mais enfin le taximan reste propre au français d'Afrique.
Et selon leur pratique, on relève quelques appellations particulières, notamment taxi-pirate quand on est clandestin.
Et on terminera avec le taxi sans payer qui, dans l'argot de Côte d'Ivoire, désigne le panier à salade. Panier à salade, voilà un mot un petit peu familier. C'est simplement le car de police qui vous embarque pour vous emmener au poste. Et là, bah, on ne vous fait pas payer. C'est ça le taxi sans payer.
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