Le français titi parisien au cinéma
Le français « titi parigot » - l'argot de Paris des années 1930-1940 - regorge d'expressions réservées aux initiés. Lucie Bouteloup nous explique tout dans La Puce à l’oreille se fait une toile. Découvrez un classique du cinéma français, Fric-Frac, et analysez les caractéristiques de cet argot.
نشرت في:
► EXERCICE - Extrait de la chronique La Puce à l'oreille se fait une toile du 25 mai 2020
► LEXIQUE
Le cinéma : jouer ; réalisé/réalisée ; camper un rôle ; incarner ; une comédie populaire ; mettre en scène ; un personnage.
La langue : une façon de parler ; l'argot ; coder ; le langage ; le titi parigot ; une contraction ; un registre de langue ; un malentendu.
Les expressions d'argot : ne pas piquer des hannetons ; ouvrir ses feuilles ; l'oseille ; le fric ; se faire la paire ; se débiner ; casser les pieds ; emmouscailler ; bonnir un truc ; jacter ; causer ; un fric-frac ; une môme ; un cave ; un marcheur ; un marlou.
► DOCUMENTS À TÉLÉCHARGER
► TOUS LES ÉPISODES DU PODCAST
La puce à l'oreille se fait une toile.
...
La puce à l'oreille.
« Allez viens. On les mange et après on va au cinéma. Cinéma ! »
Bonjour Lucie ! Bonjour Pascal ! Aujourd'hui, un film pas à piquer des hannetons.
Un film pas piqué des hannetons, c'est vrai. Un film qui témoigne à la fois d'une façon de parler typique d'une époque, mais aussi d'un autre coin de France. Ouvrez grand vos feuilles, Pascal, le cours commence.
« - J'ai du mal à comprendre ce qu'il dit. Il est français ?
- Pur sang de la Villette. Moi je suis de Barbès.
- Alors tout ça, c'est de l'argot.
- Vous avez mis le doigt dessus. L'oseille, c'est le fric ; se faire la paire, c'est se débiner ; casser les pieds, c'est emmouscailler ; bonnir un truc, c'est jacter.
- Jacter ?
- Causer, quoi !
- C'est drôle. Vous me traduisez de l'argot que je ne comprends pas en argot que je comprends. »
Alors, ça c'est formidable, Lucie ! Parce qu'on entend à la fois Fernandel et la grande Arletty.
Eh oui, bravo, c'est bien Arletty et Fernandel qui jouent dans « Fric-Frac », un film de 1939 réalisé par Claude Autant-Lara. Bon, alors, Arletty campe le rôle de la môme aux côtés de Fernandel qui incarne un cave et aussi de Michel Simon, celui d'un marcheur. Pour ceux qui n'auraient pas tout compris, la môme, c'est la jeune fille. Le cave, c'est celui qui se fait arnaquer et le marcheur, c'est le cambrioleur. Pour l'histoire, vous l'aurez compris, le film est une comédie populaire. On y suit Marcel, un garçon d'un bon milieu mais très naïf, qui travaille dans une bijouterie. Le film met en scène sa rencontre avec deux personnages hauts en couleurs : Joe, un marlou ou à la petite semaine, mais aussi la belle Loulou qui va immédiatement faire chavirer le cœur du pauvre Marcel. Mais seulement voilà, pendant que Marcel succombe aux charmes de Loulou, celle-ci en profite pour organiser dans son dos un « fric-frac » dans sa bijouterie.
Un « fric-frac », on sait bien ce que ça veut dire.
Absolument ! C'est bien ce que ça veut dire. Ça désigne un cambriolage en argot des années 30/40. Alors l'argot dans le cinéma populaire, c'est une longue histoire et on le retrouve beaucoup dans les films qui parlent des malfrats. Parce que la première fonction de l'argot, eh bien c'est de coder le langage pour qu'il ne soit compris que par les gens du milieu, les initiés. Je pense par exemple à « Du rififi chez les hommes », ou alors « Touchez pas au grisbi », « Razzia sur la chnouf », « Le Doulos » ou encore « Le Cave se rebiffe ». Dans « Fric-Frac », on a affaire à du titi parigot pur jus. D'ailleurs, selon le dictionnaire, Le Trésor de la langue française, eh bien le mot « parigot » viendrait de la contraction de Paris et de argot. Et ce qu'il y a d'intéressant dans ce film, je trouve, eh bien, c'est qu'il confronte différents registres de langage avec tous les malentendus que ça peut provoquer. C'est justement là-dessus que repose l'humour du film.
إظهار أقل إظهار أكثر