Un ballon repéré au-dessus du sol américain. Un ballon espion ? Peut-être. Mais pas très grand : pas un dirigeable, pas un zeppelin. Mais quelles différences entre ces trois termes ? Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar..
Un ballon espion. C'est ainsi qu'on présente celui que la défense américaine a repéré au dessus de son sol. Oh, très au dessus, plus haut que l'altitude moyenne des avions qui survolent le territoire. Mais enfin, cette présence a quand même inquiété. On s'est aperçu que le ballon était chinois. La Chine a reconnu qu'il venait de chez elle. Elle a plaidé le hasard, la malchance : un simple ballon d'observation météorologique que le caprice des vents aurait détourné au dessus des États-Unis. Bon, n'empêche, les Américains ont quand même abattu l'objet. Les Chinois se sont insurgés contre une réaction qu'on pense excessive. Mais ce qui est intéressant, c'est quand même ce mot de « ballon ». Et un tel ballon, on en parle depuis la fin du XIXᵉ siècle, époque à laquelle il s'agit d'un mode de transport expérimental avec des expériences très anciennes, fin 18ᵉ pour les premières. Ce qu'on appelle la montgolfière, du nom de ses inventeurs, les frères Montgolfier. Quant à ballon, c'est un nom plutôt neutre qui renvoie à la forme de l'élément essentiel - un ballon -, c'est-à-dire une sphère remplie de gaz plus léger que l'air : l'hydrogène ou l'hélium. Et ça peut s'élever sans moteur, sans mécanisme de propulsion. Parfois, on envoie dans l'atmosphère de petits ballons d'exploration pour connaître la force des vents. On appelle ça des ballons d'essai. Et l'expression au figuré est passée dans la langue courante pour désigner une expérience qui sert de test. On tente de voir si une idée est viable et donc si on peut la déployer de façon plus importante.
Mais les ballons se sont fait connaître parce qu'ils permettaient des ascensions. Si on fixait en dessous une nacelle et une nacelle, c'est un grand panier situé au-dessous du ballon, on peut s'y tenir ! « Cinq semaines en ballon », c'est le titre d'un roman de Jules Verne. Et on a aussi à l'esprit l'image de Gambetta qui quitte Paris en ballon pendant le siège de la capitale française en 1870. Alors ce mot de ballon, il est concurrencé par un terme plus technique, l'aérostat, mais qu'on entend relativement peu. Et comme la technique du ballon a fait des progrès, on a expérimenté les ballons dirigeables. Là, on a souvent un petit moteur qui fait qu'on est moins soumis aux aléas du vent, et on oppose les ballons « dirigeables » à ce qu'on appelle les ballons « libres ». Et ces ballons dirigeables se multiplient à tel point qu'on va finir par ne plus retenir que la qualité de savoir se diriger. On les appelle des « dirigeables ». Et puis souvent ils ne sont plus tout à fait ronds, mais ils sont obliques comme des cigares. Un progrès décisif est fait par le comte von Zeppelin, et c'est lui qui donne son nom - Zeppelin - à ces étonnantes saucisses pointues aux extrémités qui vont fantomatiquement parcourir le ciel du début du XXᵉ siècle avec des vocations diverses, tantôt guerrières, tantôt commerciales, tantôt simplement touristiques.
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