Faire la belle = départager deux joueurs par une partie supplémentaire
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Vous avez perdu à la dernière partie de carte ? Pas de panique, La Puce vous propose de « faire la belle » ! Et pour taper le carton, elle reçoit Georges Planelles, auteur des 1001 expressions préférées des français (Éditions de l’opportun).
[Musique]
...
La Puce à l'oreille.
Bonjour Lucie.
Bonjour Pascal, bonjour Marguerite.
Est-ce que vous nous parlez de vous ou de Aya aujourd'hui ?
[Rires] Eh bien ni de l'une ni de l'autre. Pourtant c'est vrai, aujourd'hui, je vous propose de faire la belle.
Oh, vous parlez de vous ?
Alors c'est vrai, hors contexte, cette expression, eh bien, elle peut prêter à confusion, mais si je sors mon jeu de cartes, alors là, tout de suite, ça fait sens. Pourquoi fait-on la belle quand on joue aux cartes ? Georges Planelles nous dit tout dans un instant, mais avant, Pascal, la parole...
aux enfants.
Pour moi, faire la belle, c'est une fille qui se déhanche dans la rue, qui se met en valeur, et qui se dandine un peu partout, quoi.
Alors pour moi, faire la belle, c'est quand tu fais attention à toi pour faire plaisir aux autres et pour se montrer.
Pour moi
faire la belle, ça veut dire bluffer. Parce que souvent quand tu fais la belle, c'est que tu te vantes en mode « regardez tous comme je suis belle et tout ». Et pour moi ça veut dire bluffer. Tu, t'es aux cartes et tu dis : « Ah, j'ai un super bon jeu. Wow ! » Alors qu'en fait pas du tout.
Ben, c'est quelqu'un qui cherche à... Elle cherche l'attention des autres.
Imaginons, je vais parler avec untel, il va m'insulter de manière subite. Du coup, je vais dire, moi, qui fait la belle ou qui fait le beau. Dans le jargon crapuleux, faire le mac, beaucoup entendu dans les quartiers nord-marseillais, Avignon, dans toute la région sud, du côté de la France.
La puce à l'oreille.
Alors, George Planelles, bonjour. Bonjour. Faire la belle, qu'est-ce que ça veut dire cette expression ? Faire la belle ?
Ben, vous savez que quand vous faites des parties de belote ou de pétanque, ou tout autre jeu où il y a deux équipes qui se confrontent, si jamais il y a deux parties égales, c'est-à-dire chacun gagne à son tour, comme derrière il faut forcément désigner quelqu'un pour payer l'apéro, il faut qu'il y ait un perdant.
Donc faire la belle, c'est faire la partie qui permettra ... C'est faire la partie supplémentaire,
c'est faire la partie... qui permettra de désigner le vainqueur. C'est ça, oui.
Donc l'origine de cette expression, faire la belle, de quand ça date ?
Ben en fait, on ne la connaît pas vraiment.
Il y a plusieurs possibilités.
Il y a effectivement deux possibilités qui sont évoquées. La première, c'est qu'on disait autrefois avoir la partie belle - enfin d'ailleurs, on peut toujours le dire aujourd'hui - avoir la partie belle, c'était avoir des facilités pour réussir ce qu'on a à faire. D'accord. Donc, faire la belle...
C'est bien s'en tirer en fait, avoir la partie belle.
Oui, c'est effectivement bien s'en tirer, mais avec un petit appui quelque part.
Et donc faire la belle...
En fait, celui qui va gagner, au travers de la partie supplémentaire, aura eu la partie belle parce qu'il aura eu la possibilité de gagner via la partie supplémentaire.
Donc, en fait, avoir la partie belle, faire la belle, c'est juste que c'est une ellipse de la formule.
Oui, tout à fait, exactement.
Donc ça, c'est la première possibilité, qui datrait de quand ?
Eh bien, malheureusement on n'a pas de date précise pour l'apparition de cette expression.
Autre possibilité, cette fois-ci, qui nous amène à des temps anciens.
Oui, parce que ça remonte aux tournois du Moyen Âge où en général les chevaliers couraient dans les tournois et portaient les couleurs d'une dame, d'une belle, et les manches des tenues des dames pouvaient se délasser, et le chevalier qui courait pour une dame portait la première manche de la dame. D'accord.
D'où l'expression quand on joue aux cartes : faire la première manche et la seconde manche, c'est-a-dire la première partie et la deuxième partie.
Oui, exactement.
Donc la manche que le chevalier mettait au bout de sa lance ?
Il n'en voulait pas forcément. Oui, c'est ça, il la mettait au bout de sa lance et il avait effectivement les couleurs de la tenue de la dame.
Donc là, on est sur la manche et la belle ?
Là, on est sur la manche. Eh bah, la belle c'était quand le chevalier avait bien combattu et qu'il avait gagné. Il récupérait un baiser de la belle, de sa dame, donc il gagnait la belle à ce moment-là.
Donc Georges Planelles, d'après vous, quelle est la bonne solution ?
Il est probable que ce soit la première.
Ah, dommage...
Oui, je suis désolé...
Je n'en doute pas, mais malheureusement, il est relativement peu probable que cette expression-là, faire la belle, remonte au Moyen Âge.
Faire la belle, donc, une expression à ne pas confondre avec « se faire la belle ».
Ah oui. Se faire la belle, c'est...
Se faire la belle, c'est...
S'évader.
S'évader, prendre la poudre d'escampette... Oui... Se faire la malle.
Effectivement, l'emploi de belle, du mot « belle », était fréquent en français dans des expressions comme « vous l'aviez belle de partir », « vous l'aviez belle de vous expliquer » ou belle soud-entend une belle occasion de faire quelque chose. D'accord. Et « faire la belle » parce qu'au départ c'était uniquement « faire la belle », c'était une belle occasion de s'évader.
Donc c'est une ellipse. Se faire la belle, ça serait l'ellipse de : se faire, vous aviez la belle occasion de vous en aller. Exactement, par exemple, les prisonniers qui cherchent la bonne occasion pour pouvoir prendre la poudre d'escampette.
C'est exactement ça.
Alors, des expressions issues des jeux de cartes et qui sont rentrées dans le langage courant, il y en a d'autres. On pense, par exemple, à « annoncer la couleur » quand on dit ce qu'on pense. Et puis, il y a aussi l'expression « être sous la coupe de quelqu'un ». On pense au joueur qui « coupe ces cartes » avant de les distribuer, par exemple.
Oui, c'est clairement, effectivement, une expression dont l'origine vient du jeu de cartes.
La puce à l'oreille, c'est fini, Georges Planelles. Vous pouvez maintenant vous faire la belle vous aussi. Merci d'être venu éclairer notre lanterne. Et pour ceux qui veulent en savoir plus sur les expressions de la langue française, ils peuvent dès à présent se procurer votre ouvrage « Les 1000 et une expression préférées des Français » qui vient d'être réédité aux éditions de L'Opportun. À très bientôt autour d'une nouvelle expression.
À bientôt,
merci.
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