Le tic-tac d’une montre est-il serein ou inquiétant ? Ce mot, cette onomatopée qui évoque un son, mais en même temps un écoulement du temps toujours semblable à lui-même, qui ne vieillit pas, alors que celui qui l’écoute est toujours plus vieux d’une seconde lorsqu’il l’écoute à nouveau. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Tic-tac est un mot de l'opération Dis-moi dix mots à tous les temps.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Tic-tac ! Et bien voilà encore un de ces mots qui appartiennent à la liste des dix qui représente cette année la langue française et qui tous ont un lien avec le temps. Tic-tac, c'est bien un mot, c'est vrai. Un mot qui évoque un bruit, un mot qui sonne et dont le sens correspond d'assez près au bruit qu'il forme. C'est ça qu'on appelle une onomatopée. Et ce tic-tac, il représente le bruit du fonctionnement d'une pendule ou d'une montre. C'est un peu différent selon que l'un ou l'autre le produit, parce que le tic-tac d'une pendule ou même d'une grosse horloge est plus fort, d'autant plus fort que l'objet qu'il fait entendre est plus gros, c'est sûr. Mais enfin, ce tic-tac, c'est un genre de cliquetis. Un cliquetis, voilà une autre onomatopée. Ce tic-tac donc c'est le son du mécanisme qui fait tourner la machine qui indique l'heure. C'est le bruit que font les roues dentées quand elles tournent, quand elles s'entraînent les unes les autres pour faire bouger les aiguilles à une vitesse extrêmement régulière. Parce qu'à chaque tic-tac, une seconde s'est écoulée.
Alors bien sûr, les montres modernes ne font pas toutes tic-tac, beaucoup d'entre elles sont animées par une pile, un mouvement électronique et non pas un mécanisme qui se remonte avec un système de ressorts et d'engrenages. Mais certains fabricants ont même intégré un tic-tac artificiel qui n'est pas lié au fonctionnement pour que leur montre ait ainsi une saveur un peu à l'ancienne parce que dans l'imaginaire collectif, une montre, ça fait bien tic-tac.
L'onomatopée, c'est vrai, est un peu approximatif, mais ça ressemble quand même bien au bruit d'une montre. Une onomatopée qui est double, avec deux syllabes, c'est ça qui est intéressant. Ça donne un rythme au mouvement. Et d'ailleurs ce rythme, on l'entend car les deux syllabes ne sont pas semblables. Les voyelles sont différentes I et A, mais surtout la première syllabe, elle est toujours prononcée plus haut que la deuxième. TIC-tac, TIC-tac. On ne dit jamais tic-TAC, ça, ça veut rien dire, Mais TIC-tac, alors là, oui. Tic-tac, ça donne bien l'idée du mouvement, de la répétition insolemment régulière, qui, en principe, n'accélère ou ne ralentit jamais. Ce qui donne souvent à cette idée du tic-tac un caractère presque tragique. Bon, on peut penser à une bombe à retardement actionnée par un mécanisme d'horlogerie qui explosera à son terme. Mais enfin cette image n'est pas très ancienne. C'est le cinéma, les romans policiers qui l'ont popularisé. Mais de toute façon, le tic-tac évoque l'égrènement inéluctable du temps qui s'écoule, toujours semblable à lui-même. Et dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans, le tic-tac sera toujours semblable. Alors que moi, bah moi j'aurais vieilli de 10 ans, de 20 ans, de 30 ans, et que je serais bien plus proche de la mort si elle ne m'a pas rattrapé d'ici là.
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