Le gouvernement français fera-t-il une pause dans l’adoption de la loi sur les retraites ? Que veut dire justement cette phrase ? Est-ce la même chose que retirer ce projet ou y renoncer ? Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
En Israël, le Premier ministre, devant la très vive contestation de sa loi de réforme de justice, annonce une pause. Et en France, ce sont certaines organisations syndicales qui, elles aussi, demandent une pause dans l'application du projet de réforme des retraites. C'est l'expression, par exemple, utilisée par le secrétaire général de la CFDT, l'une des grandes centrales syndicales françaises, qui parle aussi de mise en suspens. Voilà deux expressions qui renvoient un peu à la même idée on arrête le mouvement, on arrête la machine pendant un certain temps. C'est bien la signification de ce mot « pause ». On cesse une activité, mais provisoirement, avant de s'y remettre. Demander une pause, ce n'est pas la même chose que demander le retrait de la loi. Et on sent qu'il y a peut-être un appel du pied, une allusion à une possible négociation, discussion, etc. Et cette idée de pause, elle évoque donc une immobilité temporaire et d'ailleurs plutôt passagère, c'est-à-dire qui ne doit pas durer, qui ne doit pas être très longue. Une immobilité qui contraste avec le mouvement qui précède et qui vraisemblablement suivra. Alors on peut faire des choses pendant cette pause, en particulier dans le contexte politique auquel on vient de faire allusion. On peut se dire que pendant la pause, on va discuter.
Mais enfin, cette idée de pause, on la retrouve dans des contextes divers, dans des formules par exemple liées à la vie moderne. La pause café formule très à la mode il y a quelques dizaines d'années. On nous recommandait, on nous recommande encore, comme une petite récréation, une coupure dans le travail qui permet une récupération ou même un deuxième souffle. On nous recommande aussi une pause détente lorsqu'on conduit sur de longs trajets, même si là c'est parfois pour éviter les risques qu'on s'endorme au volant sur l'autoroute.
Mais cette idée de suspension, on la retrouve d'autant plus dans une autre expression « mettre sur pause ». Comment la comprendre ? Eh bien, quand on écoute un disque, quand on regarde un film projeté sur un écran individuel, on a la possibilité d'arrêter le défilement. On appuie sur ce bouton qui est marqué pause. Alors ça n'annule pas l'écoute. Il suffit d'appuyer de nouveau sur ce même bouton pour faire repartir le mécanisme. Simplement, pendant un petit moment, la lecture a été comme suspendue. C'est presque une parenthèse.
Alors attention, ce mot « pause », il s'écrit P.A.U.S.E et étrangement, il n'a aucun rapport avec son homonyme « pose », P.O.S.E. Le fait de se poser comme un oiseau qui se pose. Eh bien notre pause, celle dont on parle, ne fait pas partie de la même famille linguistique que le verbe poser ou se reposer. Et pourtant, la proximité des significations les rapproche. Et quand, par exemple, dans le jargon d'aujourd'hui, dans un langage qu'on perçoit souvent comme étant le langage des jeunes, on dit je vais me poser pour dire je vais me détendre, m'accorder un moment de tranquillité. On n'est pas très loin de faire une pause.
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