Changer de vie: le parcours d'Édith
La crise sanitaire a bouleversé la vie d'Édith. Cette parisienne a laissé sa vie d'avant pour devenir bergère. Cette activité est proposée en partenariat avec le numéro 437 de la revue Le français dans le monde.
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► EXERCICE - Extrait de Reportage France du 17 août 2021
► LEXIQUE
La montagne : un troupeau ; une prairie ; une bête ; une brebis ; un berger/une bergère ; l'estive ; une plaine ; des pâturages ; l'altitude ; une pente ; le grand air ; un animal
Le monde du travail : un stage ; professionnel/professionnelle ; suivre une formation ; une reconversion ; diplômé/diplômée ; un contrat.
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Allez Louloute. Pilou pilou pilou.
Au petit matin, le troupeau quitte en file indienne la prairie où il a passé la nuit.
On fait sortir les bêtes par un couloir de tri, ce qui nous permet de vérifier leur état sanitaire.
Une brebis boite, Édith la saisie par une patte et la retourne sur le dos.
Là, c'est facile parce que c'est des petites mais sinon...
Alors, tu remarques pas quelque chose dans la paume de ta main ?
Si, si, c'est chaud.
C'est son dernier stage auprès d'un berger, le temps de l'estive, période où les animaux quittent la plaine pour les pâturages d'altitude. Ce jour-là, elle pousse seule plus de 500 bêtes sur les pentes raides d'une montagne détrempée par la pluie.
Pour vivre ce rêve d'enfant, il lui fallait d'abord avoir fait le tour de sa vie parisienne et de sa vie professionnelle à organiser des concerts de musique traditionnelle. Il fallait aussi un déclic.
J'avais le besoin de m'échapper de ce premier monde-là même si ça a été une folle passion. Et puis après, il y a eu cette prise de conscience écologique d'entrer dans une forme de décroissance et les choses se sont mises en place très très vite en fait, au sortir du confinement au printemps de 2020. Il y avait cette privation de mobilité, terrible en fait, pour moi, ça a été une descente aux petites enfers. Et à la sortie du confinement, eh bien, il y a eu ce sursaut vital de me dire : « Oh ! Là, maintenant ! Il faut que je concrétise mes besoins de grand air, d'une relation étroite avec les animaux. » Je crois que le confinement, il a énormément accentué le sentiment d'urgence et je suis partie tout de suite en estive, ce qui m'a incité à faire cette formation que je suis en train de conclure à l'heure actuelle. J'aurais peut-être pris mon temps. Je n'aurais pas eu le courage de passer aussi vite à l'action s'il n'y avait pas eu la crise sanitaire.
C'est une façon de leur faire lever la tête et de leur faire savoir qu'ils sont en train de transgresser un interdit, mai ça ne marche pas toujours.
Si la menace du sifflet ne fonctionne pas, la jeune femme devra partir à la poursuite des brebis les plus aventureuses. À 40 ans, elle apprend d'abord à économiser son énergie. Sa reconversion lui demandera d'autant plus de courage qu'elle est tardive. Dans ce monde, elle le sait, l'âge est un handicap.
Doublement, en fait, parce que je suis diplômée - des éleveurs qui se disent « Tiens, un profil d'emmerdeuse ! ». En revanche, je sais beaucoup mieux que mes petits camarades de formation qui ont 20 ans ce que je ne veux pas vivre et ce que je veux vivre.
Le respect de l'environnement, du bien-être animal. Édith a déjà trouvé son premier contrat de bergère professionnelle. Ce sera en septembre dans les montagnes des Pyrénées.
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