« La saga africaine de Yannick Noah », titre RFI à l'occasion de la parution de son dernier disque. Donc un article qui revient sur une vie, sur une carrière, mais aussi sur une famille, sur une génération camerounaise. C'est tout ça une saga. Une façon d'inscrire Yannick Noah dans sa dimension africaine. La plupart du temps, on trouve ce mot en littérature. On connaît la saga des Trois Mousquetaires ou celle d'Aya de Yopougon… Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
« La saga africaine de Yannick Noah », c'est un titre de RFI à l'occasion de la parution de son dernier disque. Donc un article qui revient sur une vie, sur une carrière, mais aussi sur une famille, sur une génération camerounaise. C'est tout ça une saga. C'est une façon d'inscrire Yannick Noah dans sa dimension africaine, dans son développement africain.
Alors ce mot, saga, il a été popularisé depuis un certain nombre d'années, avec un sens un peu différent et, la plupart du temps, il s'agit d'un environnement littéraire où on le trouve. Une saga, c'est une suite de romans, parfois un seul roman s'il est très long, avec des histoires à épisodes et le plus souvent une généalogie : on a un héros, une héroïne, avec ses amis, avec ses parents, ensuite avec ses enfants, ensuite avec ses petits enfants, etc. « 100 ans de solitude », ce roman merveilleux de Gabriel Garcia Marquez, c'est le type même de la saga. Mais enfin, on peut penser aussi bien aux « Trois Mousquetaires » si on inclut « 20 ans après » et « Bragelonne », ou bien plus près de nous « Aya de Yopougon ». Et ce sens du mot saga s'est généralisé à partir d'une suite de romans, la « Saga des Forsyte de John Galsworthy, en général c'est traduit par « La dynastie des Forsythe », mais on se rappelle le mot saga dans le titre anglais et cela retrace l'histoire d'une famille bourgeoise anglaise au début du XXᵉ siècle.
Alors ce terme, il s'est répandu et, comme c'est le cas bien souvent quand un terme devient à la mode, on l'entend davantage, il est plus vague. On parlera de la saga familiale pour évoquer des histoires qu'on répète de génération en génération, pour évoquer des grands-pères, des cousins, l'oncle Gaston qui s'en est sorti pendant la guerre, la tante Simone qui a failli épouser un baron, etc. Est-ce ce que c'est le sens original ? Pas tout à fait, mais on en est pas si loin, parce que le mot dérive d'une langue germanique ancienne et a d'abord désigné un conte, une légende, une suite d'histoires mythologiques qui mettent en scène des dieux, des démons et toutes ces figures surhumaines qui ont donné naissance à notre monde de vivants : des cycles de légendes, des spirales de légendes. Et on sait que les premières sagas, et bien elles se situent dans un temps immémorial. On ne sait pas trop quand, il y a très, très longtemps, mais plutôt au nord de l'Europe. Il s'agit de mythologie scandinave ou germanique. Et certaines suites d'opéra de Wagner, par exemple, reprennent volontiers cet imaginaire et ces personnages, même si ce bizarre compositeur aime mélanger les traditions scandinaves avec un petit peu de christianisme dans tout ce paganisme à l'ancienne. Et la mythologie grecque, elle aussi, elle peut être considérée tout à fait comme une série de sagas, par exemple les Atrides. En voilà une belle saga avec des malédictions qui rebondissent d'écho en écho, chacun étant bien sûr comptable des péchés de ses aïeux.
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