L'actualité en France est marquée par la grève. Et on le sait, faire la grève, c'est refuser délibérément, et en le faisant savoir, de faire son travail pour des raisons qui peuvent être multiples. C'est une arme de lutte sociale. Ce mot grève, de la même famille que gravier, vient d'un terme latin qui signifie petit caillou. De là le nom d'une place parisienne, la place de Grève, à l’origine de l’expression « en grève ». Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la Délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
L'actualité en France, aujourd'hui, elle est marquée par la grève. Et on sait bien ce que ce mot désigne à l'heure actuelle : faire la grève, c'est l'expression consacrée, et bien c'est refuser délibérément et en le faisant savoir de faire son travail pour des raisons qui peuvent être multiples. On peut ne pas être d'accord avec un projet de loi ou de réforme. Bien souvent, on essaie par là de mettre son employeur en difficulté pour essayer de l'obliger à accéder à des revendications, augmenter les salaires, améliorer les conditions de travail, et cetera. C'est une arme de lutte sociale.
Pourquoi grève ? L'origine de ce mot, elle est bien connue, mais elle est très pittoresque parce que dans un autre sens, ce mot de grève, ça désigne une plage, une bande de terre qui est battue par l'eau au bord de la mer ou simplement le long d'un fleuve. C'est que, au départ, le mot grève qui est de la même famille que gravier, vient d'un terme latin qui signifie petit caillou. De là le nom d'une place parisienne, la place de Grève, au bord de la Seine. Aujourd'hui, elle existe encore, mais elle a changé de nom, on l'appelle place du Châtelet. Et au Moyen Âge, c'est sur cette place de Grève que se réunissaient les ouvriers qui étaient en attente de travail. Donc, être en grève à l'époque, en ancien français, ça voulait dire être sans travail, être au chômage, un sens complètement différent de la signification actuelle. Et puis, au milieu du XIXᵉ siècle, on a vu apparaître l'expression mettre un patron en grève, c'est-à-dire refuser de travailler pour lui. Et c'est à partir de là que le sens de l'expression a basculé vers l'idée d'un refus de travail volontaire et revendicatif.
Alors, la grève actuelle, elle se module avec des expressions très différentes, très diverses : grève dure, grève sauvage, grève perlée parfois (c'est-à-dire disséminée dans le temps et tout au long d'une chaîne de production, donc on n'interrompt pas l'ensemble du travail mais cela gêne considérablement la productivité). On parle parfois de grève sur le tas quand les travailleurs interrompent leur travail, mais en restant à leur poste de travail, les bras croisés comme on dit. On parle de grève générale, et cetera Et il y a une drôle d'expression qui est souvent mal comprise, c'est la grève du zèle. Il ne s'agit pas de ne pas faire de zèle, il ne s'agit pas de faire son travail le plus mal possible, c'est presque le contraire. Quand on dit qu'on fait la grève du zèle, c'est qu'on applique les consignes à la lettre en les poussant à l'extrême, pour que ça crée une situation presque absurde, on ralentit tout le processus en cours. Et, par exemple, on peut prendre l'hypothèse de douaniers qui vont systématiquement ouvrir tous les paquets, toutes les valises, fouiller tous les passagers et ils vont bloquer le passage à la douane. C'est cela faire la grève du zèle.
Et puis, bien entendu, on a d'autres expressions : grève de la faim, grève de l'amour, qui renvoient justement à une cessation d'activité, que ça soit le fait de manger ou bien l'activité amoureuse.
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