L’Allemagne restitue 22 bronzes, pris au royaume du Bénin il y a plus d’un siècle. Des bronzes ? Oui, des objets en bronze, des statues, objets rituels que les Européens s’étaient appropriés. Le bronze est un alliage lourd et résistant : c’est celui des cloches et des canons. Il sert aussi à fabriquer la troisième des médailles qui récompensent les sportifs. Et le verbe bronzer a pris des sens bien différents, aujourd'hui, liés à la couleur du bronze, foncée, légèrement dorée. Le bronzage est donc la caractéristique d’une peau halée par le soleil, foncée par son exposition au soleil.… Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Un nouveau pas est franchi dans la reconnaissance des méfaits de la colonisation puisque l'Allemagne restitue 22 bronzes pris au royaume du Bénin il y a plus d'un siècle. Alors des bronzes ? On voit bien de quoi il s'agit : des objets en bronze, des statues, des statuettes, des objets rituels que les Européens s'étaient appropriés. Et des objets précieux, même si leur métal n'est pas le plus convoité.
Alors métal, le bronze ? Non, le bronze n'est pas un métal, alors même que les objets en bronze sont en métal, c'est-à-dire fait de matière métallique. Mais le bronze n'est pas un métal parce que c'est un alliage, c'est-à-dire un mélange, une fusion entre plusieurs métaux, cuivre et étain en général, auquel parfois on peut rajouter du zinc ou du plomb. Alors parfois, le bronze, on l'appelle l'airain, c'est un synonyme noble, poétique, qui n'est plus du tout actuel, mais qu'on trouve dans des écrits des siècles derniers. Et le bronze, même s'il peut servir à façonner des œuvres d'art magnifiques, n'est pas un alliage considéré comme très précieux. D'ailleurs, il sert à fabriquer la troisième des médailles qui récompense les sportifs. C'est la médaille qui vient après l'or et l'argent. Mais enfin, s'il est moins apprécié, il est pourtant lourd et résistant. Le bronze, c'est l'alliage des cloches et des canons. Et le mot désigne d'abord la matière et ensuite certains objets d'art qui sont fabriqués dans cette matière. Avec parfois un accent mis sur la solidité, la résistance, une résistance gagnée grâce au traitement auquel il est subi. Ce qui permet de comprendre une vieille phrase, un vieil adage, une sorte de maxime, de devise, qui disait « il faut que le cœur se brise ou se bronze ». C'est-à-dire qu'il se brise, qu'il se casse, ou bien qu'il se fortifie en passant victorieusement l'épreuve, l'épreuve du feu. Et on voit que le verbe se bronzer a donc eu plus d'un sens, même si celui qu'on vient de mentionner, se renforcer, est aujourd'hui très, très oublié et appartient à une langue ancienne. D'autant plus ancienne que le verbe bronzer a pris des sens tout à fait différents. Liés à la couleur du bronze, foncée, légèrement dorée.
Donc ce qu'on appelle le bronzage aujourd'hui couramment, c'est la caractéristique d'une peau qui est halée par le soleil, c'est-à-dire foncée par son exposition aux rayons du soleil. On est bien loin de l'alliage métallique, et pourtant le sens dérive de la couleur de cet alliage. Et ce dernier sens a été très productif en l'espace d'un siècle à peine. Bronzer, c'est s'exposer au soleil avec cette idée que ça marchera mieux si on est tout à fait immobile. Et donc ça finit par évoquer une certaine inertie des vacances, de la plage, la bronzette dit-on par plaisanterie. Et aller bronzer ou aller se bronzer, très souvent, c'est un peu l'équivalent d'avoir la belle vie, se la couler douce, comme on dit familièrement. Grâce à une immobilité qui, parfois, frise presque l'imbécillité, ce qui explique des slogans comme : « Je ne veux pas bronzer idiot », qui a servi à faire la promotion d'activités culturelles pendant les périodes de vacances.
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