La collapsologie est un mot savant, fabriqué de toute pièce. Il désigne un courant de pensée dont la préoccupation majeure est la peur d’une crise écologique brutale. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
La collapsologie va-t-elle ternir cette année qui commence, cette collapsologie? Il faut souhaiter que non. Mais il faut avouer que le mot s'entend depuis quelques mois maintenant. C'est un mot qui n'est pas très usuel encore. Un mot savant fabriqué de toute pièce et qui d'ailleurs a été reconnu par le site France Termes. Cette institution qui s'occupe de savoir quels sont les mots français qu'on peut employer justement en bon français sans avoir recours à des emprunts aux langues étrangères. Alors qu'est ce que c'est que ça la collapsologie? Pas une science, même pas une discipline de recherche, parce que ce suffixe -logie ne s'applique pas uniquement à ces domaines, parfois seulement à des façons de penser, de réagir, d'évaluer la réalité. Alors on doit bien avouer que le mot est calqué sur l'anglais, mais enfin il est formé à partir de racines qui n'ont rien d'anglo-saxon. Collapse et puis logie. Alors logie, ça vient du grec logos et collapse, ça vient du latin, le verbe to collapse. C'est vrai, il est très habituel en anglais pour dire s'effondrer. Mais le mot collapsus, qui est un mot latin passé tel quel dans la langue française, il existe dans un français savant et médical. De quoi s'agit il? D'une chute subite, d'un fonctionnement vital. C'est ça un collapsus. Donc
la collapsologie, c'est un courant de pensée qui va mettre au premier rang de ses préoccupations la peur d'une crise écologique majeure et par conséquent la peur de la fin d'une civilisation industrielle plutôt opulente qui permet une consommation importante. Pas pour tout le monde, pour certains pays et pour certaines populations bien sûr. Tout le monde ne bénéficie pas de ces facilités. Et puis par ailleurs cette prospérité, très souvent, elle s'appuie sur des ponctions imprévoyances, des richesses naturelles. Une inconscience qui fait que les habitués de cette aisance pillent la planète sans se soucier ou en se souciant trop peu du renouvellement, par exemple, des énergies ou des éléments indispensables à la survie des humains. Donc on peut craindre un effondrement subi quand on aura trop tiré sur la corde, effondrement des ressources de notre planète. C'est justement ce caractère soudain et cette peur d'une crise brutale qui va caractériser la collapsologie. Non pas une baisse progressive, mais une sorte de crash ou de krach. Si on veut utiliser ces mots qui sont d'origine anglaise pour le crash, d'origine allemande pour le krach et qui évoque soit un accident d'avion, le crash, soit une débâcle boursière, le krach.
Alors le mot collapsologie est plutôt sérieux, mais on peut noter qu'il est surtout utilisé de façon critique par ceux qui mettent en doute ces peurs comme si elles étaient irraisonnées ou tout au moins excessives. Pas de panique semble t'il dire, on vit comme ça depuis si longtemps, le désastre n'est pas à la porte, etc. Alors on parle souvent avec les mêmes sous entendus de théorie de l'effondrement ou même de catastrophisme. Et avec ce dernier mot, l'ironie est encore plus nette. Comme si des alarmistes criaient au loup alors que le danger n'existe pas ou que tout au moins il est bien moindre, bien moins inquiétant que ce qui est clamé.
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