Le speaker of the house est, aux États-Unis, le Président de la Chambre des représentants. En français, il arrive souvent qu’on emploie des mots anglais sans les traduire pour évoquer des réalités politiques anglo-saxonnes. Mais ce mot, speaker, est aussi lié à l’histoire de la radio en France. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de
l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Aux États-Unis, la Chambre des représentants a bien du mal à se trouver un speaker. Un speaker, c'est à dire un président. Et cette difficulté apparaît comme un revers pour les républicains, qui sont majoritaires, mais de très peu dans cette assemblée. Alors, on a parlé de speaker à propos des États-Unis. On en parle encore. Mais aussi à propos du Royaume-Uni. Cette fonction là bas est fort ancienne puisqu'elle date du XIVᵉ siècle et dès sa création, elle a servi même légèrement de contre pouvoir à la monarchie, parce que le speaker devait faire parvenir aux oreilles du monarque les doléances ou en tout cas les souhaits de ses collègues. Et par ailleurs, en tant que modérateur de cette chambre basse qu'est la House of Common, il devait, dans l'exercice de ses fonctions, abandonner ses opinions partisanes. Aux États-Unis, son rôle est un petit peu différent. Le speaker est un personnage important de l'État puisque c'est le deuxième dans l'ordre de succession au président en cas de démission ou de décès, le deuxième après le vice président, mais avant le président du Sénat. Mais il ne présente pas personnellement aux débats de la Chambre. Il y a une autre raison pour laquelle on comprend qu'on utilise ce mot anglais de speaker pour désigner cette fonction sans le traduire. C'est que ce mot de speaker est parlant pour nous francophones. Parfois, on a traduit cette fonction par orateur parce que étymologiquement, à l'origine, le speaker, c'est celui qui parle. Et beaucoup de francophones en sont conscients parce que le verbe « to speak » il est aisément compris de la plupart des gens, ne serait ce qu'à cause de l'usage fréquent de cette phrase simple « Do you speak english ? » Est ce que vous parlez anglais ? que presque tous les francophones connaissent. Et puis enfin, ce mot de speaker il a une histoire et un sens particulier dans les anglicismes du français. Il apparaît avec l'histoire de la radio en français au milieu des années 20. Alors il est pratiquement abandonné aujourd'hui. Mais il reste encore compris. Le speaker, c'est l'annonceur. C'était au départ celui qui donnait les nouvelles. On utilisait rarement le terme de journaliste, comme si le speaker lisait un texte qu'on avait préparé pour lui et notamment préparé pour qu'il donne les résultats sportifs. Mais le mot a survécu au féminin. On parle encore, bien que ce soit plus rare, de la speakerine. C'est un faux anglicisme. Le mot « speakerine » n'existe pas en anglais et cela désigne cette voix féminine qui représente une station de radio ou de télévision, qui donne l'heure, parfois le programme de la journée à venir. Et c'est une étonnante désinence féminine en -erine, à partir de speaker, on a fait speakerine, pas speakeuse, pas speakeresse, speakerine, comme on dit tsarine ou héroïne.
Ver menos Ver más