Après Trump et Biden, c’est Mike Pence qui se trouve bien embarrassé car on a retrouvé chez lui des documents classifiés. Mais que signifie ce mot étrange qui évoque tout à la fois le secret et le frisson de l’espionnage ? Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Après Trump et Biden, c'est maintenant Mike Pence, l'ancien vice président des États-Unis, qui se trouve bien embarrassé parce que chez lui, on a retrouvé des documents classifiés. De quoi s'agit-il ? Simplement de documents qui n'auraient pas dû être là, qui auraient dû rester sous bonne garde dans des endroits officiels, sécurisés, alors qu'on les retrouve au domicile d'un personnage politique. Et ce mot « classifié » dans cet emploi, c'est un anglicisme. Et il signifie qu'un document, qui peut être un rapport, une lettre, un échange écrit, une photo ou un film, tout cela ne doit pas être communiqué au public, et ni la presse, ni les chercheurs, ni les curieux ne doivent y avoir accès. Parce que le pouvoir les met sous clé. Comme si on estampiller cela, comme si on apposé sur ces documents une marque spéciale qui certifie qu'ils doivent rester secrets. Pour toujours ? Non pas forcément parce qu'un gouvernement peut déclassifier des archives. On voit bien que c'est le mouvement inverse, le négatif, c'est-à-dire rendre ces archives accessibles, ce qu'elles n'étaient pas auparavant. Parce qu'au bout d'un certain temps, des informations qui sont considérées comme très sensibles ou explosives peuvent être mises à distance, relativiser, faire moins peur au pouvoir. Au bout d'un certain temps, elles appartiennent à l'histoire. Les personnes mises en cause ne sont plus aux affaires. Souvent, elles sont mortes. On a vu par exemple des cas semblables à propos de la guerre d'Algérie et on a souvent reproché aux gouvernements français successifs d'être trop frileux à ce propos. Bon, petit à petit, les historiens peuvent avoir accès à des renseignements, rester cachés pendant longtemps parce qu'ils étaient trop compromettants.
Alors on peut dire également en français qu'une information est classée secrète si on y appose la marque secret défense. Et souvent, en effet, certains éléments échappent à une circulation publique si le pouvoir pense que leur divulgation pourrait nuire aux intérêts de la défense nationale et pour les affaires les plus importantes, on parle même parfois de secret d'État. Et puis, de façon beaucoup moins officielle, on parle de ce qui est top secret avec une expression qui peut être utilisée en politique, mais qui est aussi passée dans le vocabulaire courant et qu'on peut rencontrer dans des situations privées beaucoup plus ordinaires. Et là encore, bien sûr, c'est un anglicisme, mais tellement courant qu'on s'en rend à peine compte. « Top secret », en effet, le mot top évoque un sommet et donc le plus haut niveau de quelque chose. Et c'est un mot anglais, mais enfin, on l'emploie beaucoup pour français et dans cette expression, il est maintenant tout à fait usuel.
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