Marcher jusqu’au Bout du Monde
Olivier Lemire, écrivain, marche à la découverte de lieux-dits aux noms poétiques. Les lieux-dits, ces lieux à la campagne dont les noms rappellent un événement historique ou une particularité du paysage. Il s’est retrouvé au Bout du Monde. La France en compte une dizaine. Cette activité est proposée en complément de la méthode de français Édito B1 – Unité 7 des éditions Didier.
Publié le :
► EXERCICE - Extrait de Si loin si proche du 2 juillet 2016
► LEXIQUE
La géographie : une carte ; un pays ; une commune ; la campagne : un lieu-dit ; un kilomètre ; le monde.
Voyager : un marcheur/ne marcheuse ; un voyage ; marcher ; partir ; se mettre en route.
► DOCUMENTS À TÉLÉCHARGER
► TOUS LES ÉPISODES DU PODCAST SUR RFI
Sur les cartes du monde, vous saurez que « bled », ce n'est pas que « le pays » en arabe, c'est aussi une modeste commune de Slovénie, un petit bout de poésie et d'ailleurs, là où on ne l'attend pas.
Et c'est justement le genre d'endroit que l'écrivain marcheur Olivier Lemire aurait pu photographier, lui qui mène depuis sept ans un voyage intérieur, comme il dit, au fin fond de la campagne française, au pays des lieux-dits. Des lieux-dits aux noms très évocateurs.
« J'ai marché entre la Vie et la Mort. La Vie c'est dans la Creuse, un hameau. Et la Mort, dans le Doubs, un simple lieu-dit. Un voyage de 450 kilomètres.
Il a marché entre la Haine et l'Amour.
Mais pourquoi ai-je marché entre l'Enfer et le Paradis ?
Il voulait nager dans le Bonheur.
Il n'y a que deux Désespoir en France.
Je suis parti de là.
Il est parti de là, parti vers l'Espoir, évidemment.
La Solitude, ah oui la Solitude, ben c'est dans l'Hérault.
Il pensait suivre le cours de ses pensées. Il a suivi le cours de la Haine.
À 250 kilomètres de la Solitude, il y a la Compagnie, c'est dans l'Aveyron.
Il a fini au Bout du Monde, le Bout du monde, il arrive aussi qu'il soit habité : un couple de paysans ou un vieillard qui remue la terre de son potager, le potager du Bout du Monde.
Le Bout du Monde. France. »
France.
Olivier Lemire, bonjour.
Bonjour.
Alors « Le Bout du Monde. France. Voyage au cœur de nos campagnes », c'est le nom de votre dernier ouvrage, truffé d'images sensibles, paru aux éditions Le Passeur. Et alors, quand est ce que le voyage s'est invité dans votre vie ?
À 50 ans, j'ai beaucoup voyagé. J'ai beaucoup voyagé dans ma vie, mais je voyageais comme tout le monde. Et je pense qu'au retour de mes voyages, je disais, comme beaucoup de gens : « j'ai fait la Californie » ou « j'ai fait le Maroc ». Et en réalité, je pense qu'on ne fait pas les pays, ou en tout cas, c'est plutôt eux qui vous défont. Et donc, je... à 50 ans, je me suis dit qu'il fallait que je fasse quelque chose de mieux de ma vie. Et je me suis mis en route, et en route à pied, en route en France et en route vers des endroits qui parlaient de ma présence au monde.
Mon sujet, c'est : qu'est-ce que la géographie ? qui est une valeur aujourd'hui complètement galvaudée. La géographie, avec la virtualité, avec les transports, ...
Le fait d'avoir accès, comme ça, via des terminaux mobiles très facilement aux cartes.
La géographie n'existe plus. Et si on veut, aujourd'hui, c'était retrouver la géographie, le sens profond de la géographie et expérimenter sa propre présence au monde. Alors en plus, si on marche vers la mort ou vers le Bonheur, Voilà, l'ai vraiment pousser le bouchon un peu loin, peut être.
Voir moins Voir plus