Ernest Pignon-Ernest, fondateur du street art
Entraînez-vous avec une série de questions autour d'un extrait de Rendez-vous Culture du 12 février 2021. Cette activité est proposée en complément de la méthode de français Édito B2–Unité 12 des Éditions Didier.
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► EXERCICE - Extrait de Rendez-vous culture du 12 février 2021
► LEXIQUE
L’art : un inspirateur/une inspiratrice ; un/une peintre ; une toile ; un dessin ; un/une artiste ; la peinture ; une photo ; un pochoir ; poétique ; dramatique ; symbolique ; une création ; une œuvre ; dessiner ; une image ; l’histoire de l’art ; un poète/une poétesse ; une exposition ; un portrait ; un pionnier/une pionnière ; avant-gardiste.
L’engagement : embrasser une cause ; alerter ; une préoccupation ; engagé/engagée ; rebelle ; une valeur ; réveiller les consciences.
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Banksy disait : « Mais en France, Ernest Pignon a fait ça 30 ans avant moi. »
Inspirateur de Banksy ou de JR, Ernest Pignon-Ernest est leur père à tous. Même s'il ne travaille pas à la bombe aérosol, il a fait, lui aussi, de la rue son champ d'action. Ce fils d'une coiffeuse et d'un ouvrier peintre à ses débuts, délaisse vite les toiles au profit du dessin.
On n'a jamais eu un livre à la maison. Par hasard, je trouve dans Paris Match, en août 1954, la série de Picasso sur Sylvette. Je suis devenu artiste à cause de Picasso et je ne fais pas de peinture parce que les thèmes que je voulais aborder, le matériau peinture ne correspondaient pas.
Dès le départ, il embrasse plusieurs causes. En 1966, la force de frappe atomique française s'installe dans sa région du Vaucluse. Il déniche alors une photo choc de la catastrophe d'Hiroshima qui le redécoupe au pochoir. Sans le savoir, il fonde le street-art.
Je découvre cette photo qui a été provoquée par l'éclair nucléaire. C'est la silhouette d'un homme qui a été désintégré. Je fais des pochoirs et je vais imprimer cette image d'homme comme une alerte sur les routes. C'est la première fois que je vais utiliser les lieux mêmes pour leur potentiel poétique, dramatique, symbolique.
Dans ces créations, souvent politiques, les hommes sont au centre de ses préoccupations comme ici dans « Le cortège des absents ». Avec cette œuvre engagée, il s'en est pris à sa ville de Nice qui, en 1974, s'était jumelée avec Le Cap, en Afrique du Sud, en plein apartheid.
Je dessine une famille de Noirs derrière des barbelés, j'en imprime plusieurs centaines et puis dans la nuit, on va coller cette image sur tout le parcours des représentants de l'apartheid qui vont passer devant.
Il en a vu des pays depuis qu'il colle en franc-tireur ses dessins en noir et blanc partout dans le monde. C'est sa période rebelle où la police l'arrête une cinquantaine de fois.
Une nuit, j'ai collé avec des échelles, très haut. Et les gens ont dû croire que c'était un voleur, ils ont appelé les flics de Naples et il m'applaudissent. Le flic me dit : « C'est une citation d'Artemisia que tu colles ! Classe ! » Moi, j'offre à la rue des dessins originaux qui sont chargés de références à l'histoire de l'art, à Caravage.
Passionné par les peintres, il rend un hommage appuyé aux écrivains poètes qu'il admire, d'Arthur Rimbaud à Pier Paolo Pasolini portant son propre cadavre. L'exposition montre les portraits les plus connus au monde de ce pionnier de l'art urbain de 78 ans.
Je n'ai pas de saint pour incarner des valeurs. Les poètes inventent leur pays.
Érudit et avant-gardiste, Ernest Pignon-Ernest utilise l'espace public pour réveiller les consciences sur une histoire commune, celle de l'humanité.
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