L'araignée: sculpture majeure de Louise Bourgeois
Dans cet extrait, découvrez une des œuvres emblématiques de l'artiste Louise Bourgeois. Cette activité est proposée en partenariat avec le numéro 434 de la revue Le français dans le monde.
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► EXERCICE - Extrait de Reportage Culture du 07 mars 2021
► LEXIQUE
L'art et la sculpture : une sculpture ; le plâtre ; le bronze ; un exemplaire ; une commande ; une rétrospective.
Le tissage : un tisseur/une tisseuse ; une tapisserie ; un atelier de restauration ; un fil ; la couture.
La peur : rebuter ; la phobie ; repoussant/repoussante.
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Généralement, l'araignée rebute, voire fait peur, jusqu'à la phobie chez certaines personnes. Et pourtant, Louise Bourgeois intitule son araignée gigantesque « Maman ». Marie-Laure Bernadac, autrice d'une biographie de l'artiste, aux éditions Flammarion.
Quand elle dit « maman », c'est vraiment un hommage à sa mère, parce que - rappelons-le - l'araignée, c'est quand même la tisseuse par excellence. Quand on remonte à l'origine mythologique, c'est cette fameuse Arachné, donc, qui a été punie parce qu'elle fait la plus belle tapisserie, le tissage le plus fin. Et je crois que Athéna, furieuse, la transforme en araignée. Donc, au départ, l'araignée est une tisseuse et comme sa mère tenait un atelier de restauration de tapisserie, quand elle dit « maman » : maman, c'est la tisseuse, c'est le fil, c'est la couture, c'est un hommage à sa mère.
Sa mère, que Louise Bourgeois perd jeune, à l'âge de 20 ans. Un traumatisme qu'elle refoule, car c'est sur le tard, dans les années 90, qu'elle commence à sculpter des araignées. Elle a déjà 80 ans.
Cette figure de l'araignée, qu'elle a décliné de plusieurs façons. D'abord des petites, des moyennes, des araignées en couple, des araignées en famille, géométriques, des araignées avec des pattes très serpentines qui courent sur le sol. Et puis, elle est arrivée jusqu'à cette immense figure, la plus grande : celle qu'on appelle « Maman » de plus de 3 mètres de haut. Et cette « Maman » est une véritable maman, parce que quand on se met dessous, on s'aperçoit qu'elle a des œufs. Elle a un panier avec des œufs, des œufs en verre et il y a 3 œufs.
Une sculpture qui est aussi une prouesse technique. L'araignée repose sur des pattes très fines.
Toutes les pattes, d'abord, sont réalisées en plâtre, puis après on été fondues en bronze. Pour elle aussi, c'est la sculpture la plus gigantesque, la plus monumentale - qu'elle avait réalisée d'ailleurs pour une commande à Londres en 2000. Et après, elle en a réalisé 6 exemplaires qui ont été distribués dans différents lieux symboliques : le musée Guggenheim à Bilbao, le musée d'art moderne à Tokyo, une autre au Canada. Elles sont en plein air. Alors ce qui est extraordinaire : parce que c'est des sculptures qui doivent être vues par tout le monde, qu'on peut traverser. On avait eu la chance, lors de la rétrospective Louise Bourgeois en 2018, d'en installer une dans le jardin des Tuileries au milieu des arbres, de la pelouse. Et elle avait été évidemment très photographiée et vue par tout le monde parce que, tout d'un coup, ses jambes, comme ça, gigantesques, ce corps - normalement monstrueux - dressé dans l'espace, devenait quelque chose d'attirant et de fascinant.
Et grâce à Louise Bourgeois, l'araignée n'est plus cet insecte repoussant. Au contraire, elle rassure, nous entoure, bienfaitrice. Une véritable maman.
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