Olympia: du scandale à la célébrité
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Olympia est l'un des tableaux les plus célèbres du peintre français Édouard Manet. Découvrez pourquoi il a fait scandale et travaillez le vocabulaire de la peinture.
► EXERCICE - Extrait de Reportage Culture du 14 mars 2021
► LEXIQUE
L’art : un Salon [un Salon de peinture et de sculpture est une manifestation artistique qui avait lieu périodiquement de la fin du 18e siècle à 1880] ; une représentation ; une ligne ; un dessin ; une touche ; la peinture classique ; copier ; un séjour d’étude ; la Renaissance [période de l'histoire et mouvement artistique qui voit le jour en Italie, aux XIVe et XVe siècles, puis dans toute l'Europe] ; un grand format ; la modernité ; un modèle ; le musée d’Orsay [musée d’art à Paris].
Le tableau Olympia : le premier plan ; un nu féminin ; idéalisé/e ; un sujet mythologique ou historique ; incarné/e ; une prostituée ; une courtisane ; une servante ; un bouquet de fleurs ; détourner les codes ; une subversion ; un sujet contemporain ; vulgaire ; par odier ; la sexualité ; la prostitution.
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C'est une avalanche de critiques qui s'abat sur Manet quand il présente « Olympia » au Salon de 1865 à Paris. Au premier plan, une jeune femme blanche, nue, étendue sur un lit, une main à la naissance des jambes, un pied chaussé d'une mule, elle fixe le spectateur d'un regard froid. « Voilà qui, à l'époque, bouleverse la représentation du nu féminin », comme le souligne Isolde Pludermacher, conservatrice au musée d'Orsay où le tableau est exposé.
Le nu féminin était tout à fait admis, mais il fallait que ce nu soit idéalisé et qu'il corresponde à un sujet mythologique ou historique. Et il ne fallait pas avoir l impression d être face à un corps réel, incarné, mais à une ligne idéalisée dans le dessin. Ce qui n'est pas le cas dans le tableau de Manet.
Et non, ce n'est pas une déesse que Manet représente avec une touche très libre, c'est une prostituée de haut vol : une courtisane. Elle reçoit des mains d'une servante noire, le bouquet de fleurs d'un client. Manet détourne en plus les codes de la peinture classique.
Son modèle classique est évident aujourd'hui, à savoir « La Vénus d'Urbin » de Titien, que Manet d'ailleurs avait copié une dizaine d'années auparavant, lorsqu il avait fait un séjour d'étude à Florence. Ça aussi, ça fait partie de la grande subversion de Manet, c'est que non seulement il traite, dans un grand format, un sujet contemporain jugé vulgaire, lié à la sexualité, à la prostitution, mais en plus il parodie quelque part les grands maîtres reconnus de la Renaissance.
Un tableau fondateur pour la modernité en peinture et que le musée d'Orsay avait placé au centre de son exposition sur « le modèle noir » il y a deux ans. Car si « Olympia » a fait couler beaucoup d'encre, y compris même sur le chat qui fait le dos rond au pied de la courtisane, pas une ligne ou presque n'avait été écrite au sujet de la servante noire d'« Olympia » jusque récemment.
C'est Denise Murell, une historienne de l'art américaine, qui justement a été frappée par ce vide de commentaires sur la figure de la servante noire et qui a décidé de consacrer une thèse à cette servante et à la représentation des modèles noirs dans la peinture. Thèse qui est ensuite devenue une exposition, d'abord à New York et ensuite au musée d'Orsay en 2019.
Une exposition pionnière, qui aura permis de sortir Laure de l'oubli. En 1863, cette femme noire habitait rue Vintimille à Paris. C'est elle qui posa pour Manet aux côtés de Victorine Meurent, l'un des modèles préférés du peintre, sur qui tout, au contraire, a été écrit.
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