14-18: les débuts du jazz en France
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Les États-Unis entrent en guerre en 1917 aux côtés de la France. Les soldats américains débarquent en Europe et apportent avec eux une musique nouvelle. Cet exercice vous permet de remonter aux origines du jazz et de comprendre le succès qu’il a rencontré en France.
► EXERCICE - Extrait de L'espoir d'un nouveau monde du 26 juillet 2018
► LEXIQUE
La musique : un titre ; un morceau ; le jazz ; enregistrer ; l’opéra ; un quintet ; un musicien/une musicienne ; un orchestre ; jouer ; une mitrailleuse ; un théâtre ; une interprétation ; un classique ; un trombone ; la musique classique ; un compositeur/une compositrice ; instrumental ; le ragtime ; une sonorité.
La guerre : entrer en guerre ; un régiment ; un soldat/une soldate ; militaire ; une troupe ; un officier/une officière ; un combat ; une compagnie ; gazer ; un front ; combattre ; un armistice ; être décoré ; un défilé ; une victoire ; une tranchée ; un combattant/une combattante.
Le succès : faire date ; fameux/fameuse ; une élite ; une intelligentsia ; une renommée ; la gloire ; déchaîner les foules.
► DOCUMENTS À TÉLÉCHARGER
Voilà un titre qui a fait date : Livery stable blues, le premier morceau de jazz jamais enregistré, honneur jusque là réservé à l'opéra. Il vient de l'Original Dixieland Jass Band, un quintet de musiciens originaires de la Nouvelle-Orléans, tous blancs d'ailleurs et repérés dans un restaurant à New York en février 1917. Deux mois après, les États-Unis entrent en guerre aux côtés de la France. Les premiers régiments arrivent à la fin de l'année. Parmi eux, des soldats et musiciens afroaméricains qui forment, dès 1918, des orchestres militaires destinés à remonter le moral des troupes. Dan Burnett, historien spécialisé dans les débuts du jazz. Le premier,
c'est celui du 15ᵉ régiment de la Garde nationale de New York dont l'orchestre de 52 musiciens, dont 18 Portoricains, était dirigé par le fameux Jim Europe. Or, étalé sur l'espace de six mois, c'est-à-dire entre janvier et juillet, 24 autres régiments noirs arrivent.
En tout 1000 à 1200 musiciens afroaméricains passent par la France entre 1918 et 1919. James Reese, alias Jim Europe est choisi pour mettre sur pied un orchestre d'élite. Cette star de l'intelligentsia noire de New York est à la fois fondateur du premier syndicat de musiciens afroaméricains et le premier à avoir joué avec un orchestre noir dans le Carnegie Hall. Il est aussi le premier officier afroaméricain à mener des troupes au combat.
C'est une exception, d'où sa renommée et sa gloire. Il a été enlevé de son orchestre pour diriger une compagnie de mitrailleuses, ce qui était à l'époque un cas unique. Il a été gazé début juin, il a repris la direction de l'orchestre en juillet. Et puis ils sont venus à Paris, ils ont joué au théâtre des Champs Élysées et aux Tuileries en août, et après ils sont partis au front, où le régiment a combattu courageusement. Après bien, il y a eu l'armistice en novembre, l'orchestre a été décoré et retour à New York, où ils ont participé le 17 février 1919, au défilé de la victoire. Et c'est là qu'on a commencé à les appeler les Hellfighters.
Entre tranchées et théâtres, ces combattants de l'enfer ont déchaîné les foules avec des interprétations osées, décoiffantes de grands classiques comme la Marseillaise.
Ils la rudoyaient, ils lui faisaient des inflexions, ils grolaient un peu de musique de cirque, c'est-à-dire des glissements de trombone. Et ces orchestres ne jouaient pas de jazz, ils jouaient des morceaux de musique classique européenne, de compositeurs américains noirs, Broadway de Jérôme Kern, un compositeur blanc, juif émigré d'Europe centrale. Et de la bouche même de Jim Europe, on appelait ça du « ragtime instrumental », c'est-à-dire une musique transitionnelle entre le ragtime de 1897 à 1905 avec ce qui allait devenir, en 1923, 24, 25, le jazz.
Cette musique aux sonorités folles et joyeuses a néanmoins ouvert une brèche vers ce qui allait devenir le jazz dans les années à venir, car nombre de ces musiciens afroaméricains reviennent dans l'Hexagone après 1919 pour faire éclore et vivre le jazz en France, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
Ils sont restés jusqu'en 39. Le dernier bateau qui est parti était à moitié plein de musiciens.
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