14-18: les progrès de la chirurgie
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Triste constat : les blessés de la guerre 14-18 ont permis à la médecine et à la chirurgie de faire d’immenses progrès. Cet exercice vous permet de retracer l’histoire de la chirurgie maxillo-faciale, une spécialité apparue pendant la Grande Guerre.
► EXERCICE - Extrait de L'espoir d'un nouveau monde du 02 août 2018
► LEXIQUE
La guerre : une armée ; ravagé/ravagée ; mutilé/mutilée ; un soldat ; une arme ; une mitrailleuse ; une grenade ; un obus ; exploser ; un champ de bataille ; une bombe.
La médecine : un service de santé ; réparer ; un blessé/une blessée ; un hôpital ; une blessure ; une greffe ; reconstituer ; la chirurgie ; une déchirure ; restaurer ; un/une dentiste ; un chirurgien/une chirurgienne ; expérimenter ; innover ; reconstruire ; sain/saine ; une technique ; défiguré/défigurée ; une opération.
Le corps : un visage ; des yeux ; les cheveux ; un sourcil, un cil ; une lèvre ; la langue ; la mâchoire ; osseux/osseuse ; la figure ; un os ; la peau ; le crâne ; une oreille.
► DOCUMENTS À TÉLÉCHARGER
Donc là, on se dirige vers les réserves.
Un peu les trésors du musée du Val-de-Grâce.
Voilà, c'est les réserves du musée du Service de Santé des Armées, et là on se dirige vers la réserve des moulages.
Nous voici dans un lieu bien étrange, à l'atmosphère de chambre mortuaire. Une multitude de visages d'hommes, yeux clos reposent sur des étagères. Des visages ravagés, mutilés côtoient des visages réparés. Ces moulages en plâtre ou en cire sont saisissants de réalisme. Ils ont été effectués sur les blessés à leur arrivée à l'hôpital du Val-de-Grâce pendant la guerre, puis à leur sortie. Marc Beaumelle est responsable du Musée du Service de Santé des Armées au Val-de-Grâce à Paris.
Par exemple, ici on a, à gauche et à droite, deux visages d'un même blessé en cire peinte couleur chair, donc on a les cheveux peints en noir, les sourcils, les cils. Et on aperçoit la blessure. La lèvre inférieure et complètement absente, la langue aussi a été lésée et la mâchoire inférieure a, en partie, disparu. Et à droite, on a le visage du même soldat blessé, mais la mâchoire ayant été reconstituée par une greffe osseuse.
En France, plus de 400 000 soldats ont été blessés au visage pendant la guerre de 14-18, et parmi eux, 15 000 très gravement. Ils s'appelleront eux-mêmes les gueules cassées. Ces blessures d'un genre nouveau ont été causées par des armes à la puissance nouvelle : mitrailleuses, grenades et surtout obus, leurs éclats peuvent emporter une partie du visage. Le professeur Bernard Devauchelle est chef du service de chirurgie maxillo-faciale à l'hôpital d'Amiens. Ce pionnier de la greffe partielle du visage s'intéresse de près aux gueules cassées de la Grande Guerre.
C'est vraiment une déchirure avec l'os qui explose au-dessous et qui laisse une espèce de trou béant. Souvent on compare le visage aux champs de bataille eux-mêmes avec ces trous de bombes.
Si les médecins de l'époque tentent de réparer ces gueules cassées, ce n'est pas seulement pour leur redonner figure humaine, mais aussi pour restaurer une fonction : mâcher, parler et mieux respirer. Dentistes et chirurgiens vont tâtonner, expérimenter, innover pour reconstruire les visages.
On a vu se développer considérablement ces techniques de greffes d'os et des techniques pour apporter de la peau saine à l'endroit où il en manquait.
Ainsi émerge un savoir et une spécialité : la chirurgie maxillo-faciale. Sophie Delaporte est historienne, maître de conférence à l'Université de Picardie.
La technique la plus innovante dans le cas français concerne donc la technique dite Dufourmentel, donc évidemment du chirurgien qui l'a élaborée et qui consistait là à prélever deux lambeaux de peau au sommet du crâne, comme une sangle d'une oreille à l'autre, et de rabattre cette sangle pour permettre de couvrir les pertes de substances importantes au niveau du bas du visage.
Cette méthode est encore utilisée aujourd'hui, mais derrière ces techniques, il ne faut pas oublier les hommes. Ils furent nombreux à rester défigurés malgré les opérations chirurgicales et les mois, parfois les années, passées à l'hôpital. Ce fut le cas d'Albert Jugon. En 1921, il fonde avec des compagnons l'association des gueules cassées, comme il l'explique dans cette archive de 1954.
Il fallait faire quelque chose car un certain nombre de nos camarades étaient dans un état tel qu'il leur était difficile, pour ne pas dire impossible de faire face aux besoins de la vie. Ce sont ces sentiments de solidarité, de fraternité qui ont été à la base de la naissance de notre association.
Une association qui s'est choisi pour devise « sourire quand même ».
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