Les Fourberies de Scapin de Molière
Les Fourberies de Scapin de Molière est un classique du théâtre français. Analysez une scène de la pièce et écoutez un comédien en parler.
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► EXERCICE - Extrait de Vous m'en direz des nouvelles ! du 18 décembre 2017
► LEXIQUE
Les malheurs : une traverse ; fâcheux/fâcheuse ; un accident ; dérobé/dérobée ; estropié/estropiée ; suborné/subornée.
Les châtiments : un coup de pied ; une réprimande ; une injure ; une bastonnade [un coup de bâton] ; une étrivière [un coup de fouet].
La représentation théâtrale : une scène ; une première ; un filage ; une mise en situation.
Les verbes du XVIIe siècle : ouïr ; se figurer ; souffrir ; casser (un mariage) ; accommoder.
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On va se mettre tout de suite dans l'ambiance de la scène avec un premier extrait, extrait de la première confrontation entre Scapin et l'un des pères, Argante, qui est le père d'Octave. L'autre jeune homme, Argante, qui est joué par Gilles David.
Monsieur, la vie est mêlée de traverses. Et il est bon de s'y tenir sans cesse préparé ; et j'ai ouï dire il y a longtemps une parole d'un ancien que j'ai toujours retenue.
Quoi ?
Ah ! Que pour peu qu'un père de famille ait été absent de chez lui, il doit promener son esprit sur tous les fâcheux accidents que son retour pour rencontrer ; se figurer sa maison brûlée, son argent dérobé, sa femme morte, son fils estropié, sa fille subornée ; et ce qu'il trouve qui ne lui est point arrivé, l'imputer à bonne fortune. Pour moi, j'ai pratiqué toujours cette leçon dans ma petite philosophie ; et je ne suis jamais revenu au logis, que je ne me sois tenu prêt à la colère de mes maîtres, aux coups de pied au cul, aux réprimandes, aux injures, aux bastonnades, aux étrivières ; et ce qui a manqué à m'arriver, j'en ai rendu grâce à mon bon destin.
Voilà qui est bien ; mais ce mariage impertinent qui trouble celui que nous voulons faire, est une chose que je ne puis souffrir, et je viens de consulter des avocats pour le faire casser.
Ah ! Ah ! Ma foi, Monsieur, vous tâcherez, par quelque autre voie, d'accommoder l'affaire. Vous savez ce que c'est que les procès en ce pays-ci, et vous allez vous enfoncer dans d'étranges épines.
Tu as raison, je le vois bien. Mais quelle autre voie ?
Je pense que j'en ai trouvé une.
Et effectivement, on peut faire confiance à Scapin pour en trouver une, d'autre voie. Benjamin Lavernhe, on sent avec le ton que vous utilisez - et là, c'est la première tentative de manipulation quand même, voilà - on sent qu'il s'adapte en fait aux réponses de ses interlocuteurs. Est-ce que c'est un joueur d'échecs, pour vous, Scapin, quelqu'un qui essaie d'avoir toujours un coup d'avance ?
Eh ben, c'est ce que... c'est la direction qu'on a pris de plus en plus, c'est-à-dire qu'au début on s'agitait et puis on a changé énormément de choses à quatre jours de la première, énormément. Des choses primordiales qui nous sont apparues et qui sont apparues à Denis lors des filages en fait, tout d'un coup.
Mais à quel niveau ? Eh ben, notamment au niveau de la place de Scapin dans la pièce. Il s'est dit, maintenant, je crois qu'il faut que Scapin ne bouge pas et que tout le monde tourne autour de lui et que lui, il va rentrer dans la tête des pères. Et donc, c'est la chirurgie et il rentre dans la tête et il tricote avec les... Ça passe par le regard, il n'y a pas besoin de s'agiter et c'est que de... en effet c'est de la stratégie, il met ses pions et il travaille en direct et il faut que dans la parole, il faut pas s'agiter. On a enlevé des scènes de mise en situation : il y a une scène où j'étais à table, où je lui servais tout un repas, une autre où j'étais en train de pêcher. Et tout ça finalement a disparu à quatre jours de la première pour être que dans la parole et dans le sens.
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