Mai-68: une ouvrière en lutte
En Mai-68, les violences policières contre les étudiants décident les syndicats à appeler les salariés à manifester et à faire grève le 13 mai. C’est le début d’un mouvement d’une ampleur exceptionnelle : 7 à 10 millions de grévistes, dont 3,5 millions d’ouvriers. Marie-Claude Patin est à l’époque déléguée du personnel CFDT dans une usine à Roubaix, dans le nord de la France. Elle parle de son quotidien à l’usine et des difficultés rencontrées au cours de la longue grève générale.
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► EXERCICE - Extrait du Grand Reportage du 07 mai 2008
► LEXIQUE
Le travail : un bobineur/une bobineuse ; les conditions de travail ; un ouvrier/une ouvrière ; travailler ; une usine ; une entreprise.
La grève : une lutte ; un mouvement ; un/une gréviste.
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Les semaines de travail font plus de 45 h, voire plus de 50. Marie-Claude Patin se rappelle.
Moi, j'étais bobineuse, donc on faisait des bobines avec des canettes, voilà. Je faisais à peu près 2 000 à 2 500 nœuds par jour, dans le bruit et la poussière. Euh, c'était des conditions pas très faciles.
Les étudiants expriment alors leur solidarité.
Je propose maintenant que nous fassions en cortège et dans l'ordre le tour de l'usine, afin de montrer notre solidarité commune aux ouvriers en lutte.
Mais la jonction entre les deux mouvements n'aura pas lieu. Les grévistes de Renault à Billancourt demandent au cortège étudiant de rester à distance de l'usine occupée. De même, à Roubaix, Marie-Claude Patin vit son Mai 68 ouvrier.
Nous, on vivait un mai 68 ouvrier et ça n'avait rien à voir, mais rien à voir, sinon cette volonté, cette envie, ce désir d'émancipation et de pouvoir parler. Sinon, nous, c'était organisé, c'était encadré ; d'ailleurs, il n'y a eu absolument aucune dégradation et au contraire, il y a eu un entretien journalier de l'entreprise. C'était pas la chienlit hein, c'était organisé, ça c'est clair.
Nous, on avait de la difficulté : cette grève, c'était lourd pour les familles populaires. 15 jours de grève à l'époque, c'est énorme hein. Les gens ne gagnaient pas beaucoup et donc, il y en a qui avaient faim. Alors, il y a plein de gestes de solidarité qui se sont faits avec les commerçants de la ville, la mairie rapportait 400 sandwiches par jour. Bon, il y avait tout un mouvement de solidarité, de dynamisme extrêmement important.
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