Enseigner avec les contes aux enfants : Yumi et le bétobéto
[9-11 ans] Yumi n’est pas contente. Elle doit aller chez sa grand-mère à la campagne. Quel ennui, elle déteste la campagne ! À partir du conte japonais « Yumi et le bétobéto », développez les capacités d’écoute et de production orale de vos élèves. Ils.Elles découvriront avec Yumi que la vie à la campagne est parfois riche en émotions… et développeront leur lexique. Ils.Elles pourront s’emparer de cette histoire en s’amusant.
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► OBJECTIFS
Séance 1 : Je découvre et je comprends !
- Deviner l’histoire à partir du titre et d’un nuage de mots
- Écouter le début du conte et compléter une carte du récit
- Lire un texte pour vérifier ses hypothèses
- Imaginer le monstre « bétobéto »
Séance 2 : Je me souviens et je vais plus loin !
- Raconter le début du conte
- Écouter la suite du conte et créer un nuage de mots
- Compléter une carte du récit
- Compléter un résumé avec des mots proposés
- Travailler les sons [e] et [ɛ]
Séance 3 : Je m’amuse avec le conte !
- Écouter la suite du conte et repérer les mots-clés
- Compléter une carte du récit
- Compléter la fiche d’informations de l’héroïne
- Imaginer sa version du bétobéto en écrivant, en dessinant
► MATÉRIEL
► LEXIQUE
La journée : le matin ; le soir ; la nuit.
Les lieux : à Tokyo ; chez grand-mère ; dehors ; la campagne ; une maison ; une rizière ; un pont ; un jardin ; une écurie.
Les animaux : une araignée ; un corbeau ; un moustique ; une grenouille ; un cheval.
Les objets de la maison : le tatami ; un fauteuil ; une chaise ; un coussin ; une table ; un matelas ; un placard ; une télé.
Les émotions et les sentiments : ennuyeux/ennuyeuse ; inquiet/inquiète ; la peur ; curieux/curieuse ; la stupeur ; la panique ; frissonnant/frissonnante.
La chaussure : une sandale ; une geta (sandale japonaise) ; une basket ; une lanière ; un lacet.
► TOUS LES ÉPISODES DU PODCAST SUR RFI
Yumi et le bétobéto. Une histoire de Hélène Suzonni, Collection des quatre vents, aux éditions L'Harmattan.
Je n'irai pas chez grand-mère. Je déteste la campagne. Il y a des araignées partout, des corbeaux qui croassent bêtement, des moustiques et des grenouilles qui vous empêchent de dormir.
Ne dis pas de bêtises, lui répondit sa mère. Et puis ça te changera des jeux vidéo.
C'est ainsi que Yumi quitta Tokyo pour les environs de Kofu.
Chez grand-mère on se déchausse dans l'entrée. Il y a des tatamis partout et des cloisons mobiles séparent les pièces. L'ameublement est traditionnel. Ni fauteuils, ni chaises, mais de jolis coussins et des tables basses. La nuit, on déplie les matelas légers, rangés pour la journée dans des placards muraux et on pose sa tête sur un oreiller empli de graines.
Grand-mère, tu pourrais acheter une autre télé! S'exclama Yumi après le dîner. L'image est toute brouillée. C'est ennuyeux.
Si tu allais jouer chez la petite voisine? Mais ne rentre pas trop tard ou gare au bétobéto.
Le bétobéto ?
Grand-mère posa sur la table la pastèque qu'elle venait de couper et hocha la tête.
C'était l'époque où j'étais encore écolière. Un soir d'été, je m'étais attardée avec des amis et je me hâtais de rentrer quand la lanière de ma sandale en bois, ma geta, se rompit net. Aussitôt, mon cœur se mit à battre.
Tu exagères. Moi aussi, il m'arrive de casser un lacet de mes baskets.
Hum, intervient grand-père en se versant un verre de vin de Koshu, une lanière de geta cassée, ça porte malheur.
J'ai pris mes sandales à la main, puis repris mon chemin. La nuit tombait vite, j'étais inquiète. J'étais presque arrivée au petit pont qui enjambe les rizières, lorsque j'entendis derrière moi un claquement de geta. Je me retournai, le bruit cessa aussitôt. J'étais seule à l'entrée du pont, Je m'y engageais, quand clouc clouc, le bruit recommença. Pour un pas que je faisais, il en répondait trois. Plus je pressait l'allure et plus les geta s'affolaient. Bientôt, je sentis sur ma nuque un souffle brûlant.
Grand-mère s'interrompit pour s' éventer.
Et puis grand-mère?
Une sueur glacée m'inondait. J'avais trop peur pour regarder. N'y tenant plus, je me mis à courir et dans mon dos, les getas couraient aussi. Au moment où je franchissait enfin le seuil de la maison, j'entendis un cri de rage. Tout en pleurs, je me précipitais dans les bras de mon père. Celui-ci m'expliqua que c'était sûrement le bétobéto. La nuit, il poursuit les enfants encore dehors. Nul ne connaît sa forme. Qui sait ce qui serait arrivé si je ne lui avais pas échappé?
Grand-mère, il n'y a plus à s'en faire! Maintenant, plus personne ne porte de geta, se moqua Yumi, tout en mordant à pleines dents dans sa tranche de pastèque.
Grand-mère tapota son chignon et ajouta: Si le bétobéto a des chaussures de sport, il doit courir beaucoup plus vite qu'avant.
Dans la nuit, Yumi se réveilla. Est ce qu'on ne rôdait pas autour de la maison? Elle tendit l'oreille, crut distinguer, assourdi, un claquement de geta. De geta...quelle idiotie! Curieuse, elle quitta son lit et se glissa dehors. Le ciel était semé d'étoiles. Un moustique zézaya à ses oreilles. Ah, sale bête! Elle s'écarta de la porte, s'esclaffa: Le bétobéto de grand-mère, ca devait être le moustique à la jambe de bois.
Elle fit quelques pas, soupira. Que la nuit était longue! A Tokyo, jamais elle ne se couchait si tôt. Elle se décidait à rentrer quand un mouvement dans le jardin la fit sursauter, A cet instant, la lune se voila et deux gros yeux flamboyèrent dans les ténèbres. Comme saisie, elle se reculait. Il flottèrent vers elle dans un martèlement de pas. La stupeur céda la place à la panique lorsqu'un souffle chaud atteignit son visage.
Le bétobéto ! Elle oublia qu'elle était une petite citadine de Tokyo, responsable de deux Tamagotchi et d'un poisson synthétique, qu'elle n'avait peur de rien, sauf des examens, et elle se rua vers la maison. Hors d'haleine, elle referma la porte derrière elle et, toute frissonnante, se glissa dans son lit où elle resta éveillée une partie de la nuit.
Au matin, grand-mère l'appela.
Yumi, lève-toi! Il va être 10 h. Figure-toi que le cheval du voisin s'est encore enfui de son écurie pour venir rôder dans notre jardin.
Yumi se pencha par la fenêtre et vit un vieux cheval gris que l'on entraînait vers la route.
Tout de même, continua grand-mère, cette fois ci, il n'a pas piétiné mes fleurs.
Comme s'il avait compris, le cheval se retourna et les regarda de ses gros yeux rougis par l'âge.
Ça alors, murmura Yumi, c'est mon bétobéto.
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