Oleksandr Syrsky, héros de l’Ukraine ! Une décision de Volodymyr Zelensky, qui met ainsi à l’honneur l’un des principaux stratèges, à la manœuvre depuis le début de la guerre, l’un des artisans de la contre-offensive pour l’instant très positive de l’armée ukrainienne contre la Russie. Le mot héros peut aussi désigner un protagoniste de roman, ou un personnage mi-humain, mi-dieu dans la mythologie grecque. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité, avec la Délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Oleksandr Syrsky, héros de l'Ukraine. C'est une décision de Volodymyr Zelensky qui ainsi met à l'honneur l'un des principaux stratèges depuis le début de la guerre, l'un des artisans de la contreoffensive pour l'instant très positive de l'armée ukrainienne contre la Russie. C'est une distinction militaire que d'être héros de l'Ukraine, même un peu plus : un titre honorifique qui ressemble à une décoration ; peu distribuée d'ailleurs, qui ne récompense qu'une poignée de personnes, mais dont l'image est représentative d'une idéologie militariste, laïque et d'ailleurs sur un modèle postsoviétique. C'est ça qui est assez étonnant, parce que ce mot héros de l'Ukraine renvoie à tout un rituel qui s'est illustré en U.R.S.S. Un pays socialiste, un pays athée où le culte de la patrie et un nationalisme affiché, avaient pris la place des rituels religieux. C'était donc le titre le plus élevé qu'on connût et qui récompensait d'abord des militaires, surtout des hommes, mais pas uniquement ; très souvent des cosmonautes soviétiques, mais pas uniquement non plus, qui ont été distingués pour leur bravoure, mais aussi parce qu'ils contribuaient au prestige de leur pays au niveau international. Donc, on peut s'étonner de cette appellation en Ukraine qui est si exactement calquée sur le modèle de l'ennemi russe. Mais on est dans une situation où un nationalisme s'oppose à un autre. Et dans un cadre qui n'est pas technique, qui n'est pas officiel, quand on parle de héros, un mot toujours très positif, on pense à un personnage que l'on remarque pour son succès, notamment au combat. On le célèbre, on chante ses louanges et comme bien souvent, le sens du mot va s'affaiblir un peu. Le héros se réfugie dans les livres et au théâtre ou au cinéma. Il s'agit simplement d'un personnage central d'un récit ou d'une histoire. Alors il arrive tout auréolé de son passé, de ses succès militaires. Mais on peut l'admirer, s'identifier à lui. Et il faudra pas mal de temps pour qu'on se résigne à penser qu'un héros de roman peut n'arriver à rien, essuyer des échecs, se moquer de lui même. C'est ainsi qu'est né l'antihéros, au XXᵉ siècle surtout. Mais il coexiste avec le héros de départ. Si l'on dit de quelqu'un qu'il a été le héros d'une affaire, c'est que tous les regards se tournent vers lui. Et au départ, ce mot vient du grec : il trouve sa place dans la mythologie. Un héros, c'est un personnage qui est à mi-chemin entre les dieux et les hommes : en général issu d'un mariage mixte, comme Achille par exemple, dont la mère était une déesse Thétis, et le père un mortel.
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