Sant'Egidio, une communauté catholique qui met en œuvre la diplomatie de l'ombre du Saint-Siège. Le Saint-Siège, c'est-à-dire le Vatican, la puissance du pape. Cette formule, « une diplomatie de l’ombre » est assez remarquable en ce sens qu'elle utilise une image de l'ombre de façon positive, ce qui est somme toute assez rare. Bien souvent, elle évoque un travail presque invisible, qui se poursuit sans publicité, impatient, caché. Mais ce même mot, ombre, est parfois employé dans un sens différent pour évoquer des pressions secrètes ! Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la Délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Sant'Egidio, une communauté catholique qui met en œuvre la diplomatie de l'ombre du Saint-Siège. Le Saint-Siège, c'est-à-dire le Vatican, la puissance du pape. Eh bien, cette formule, « une diplomatie de l'ombre », on la trouve dans les informations de RFI, et elle est assez remarquable en ce sens qu'elle utilise une image de l'ombre de façon positive, ce qui est somme toute assez rare. Parce que cette diplomatie de l'ombre, elle est présentée de façon élogieuse, « experte en négociations de paix », précise la radio. Seulement, elle n'agit pas au grand jour, on en entend peu parler, elle travaille dans le silence, à l'écart des médias, des ambassades officielles, dans la discrétion. Diplomatie de l'ombre, dit-on, pour souligner qu'elle ne se fait pas voir. C'est le sens que porte cette figure de style.
Cette expression, dans l'ombre, bien souvent, elle évoque un travail presque invisible, qui se poursuit donc sans publicité, impatient, caché. Et pourtant, cette image de l'ombre, la plupart du temps, elle est utilisée de façon négative, ce qui n'est pas le cas dans l'exemple qu'on vient de donner. Mais très souvent, on écrit par exemple que l'ombre de la récession se profile. On ne dira jamais que l'ombre de la reprise se profile. On dira plutôt un espoir de reprise pointe à l'horizon et, à ce moment-là, on évoquera le soleil, le rayon qu'on devine, alors que l'ombre qui porte en elle cette idée d'obscurité, de noirceur sera plus volontiers convoquée pour exprimer ce que l'on redoute.
Mais ce même mot, ombre, est parfois employé dans un sens différent pour évoquer des pressions secrètes ! On a pu parler par exemple de l'ombre des États-Unis sur la politique de certains États sud-américains. Et on sent là des effets de sens assez précis. La formule, elle est souvent évoquée par celui qui voit ce que d'autres ne voient pas parce que c'est destiné à rester invisible. Par exemple, si on dit : « Je vois dans ce crime l'ombre de la mafia », c'est que je devine l'action de la mafia alors même qu'elle n'est pas évidente pour tout le monde. Mais on précise le fait que son action est préméditée, calculée. Son ombre, elle n'est pas là par hasard. Et le fait même que cette influence soit cachée en rajoute sur l'idée qu'elle est mûrement réfléchie, conséquence de tout un plan, de toute une stratégie. Et en parlant d'ombres, on met l'accent sur une manipulation d'une puissance qui travaille à distance, qui tire les ficelles et qui organise de loin ou au mieux, donne sa bénédiction, encourage et laisse faire. On voit deux images qui se croisent : l'ombre, c'est-à-dire non pas la chose même, mais sa silhouette projetée puisqu'elle fait écran à la lumière. Et parfois, on dit l'ombre plane, comme si elle était au dessus. L'ombre de Haydn plane sur les premières sonates de Beethoven... Et puis, deuxième image qu'on évoquait il y a un instant : dans l'ombre », c'est-à-dire dans l'obscurité, complice très souvent de l'invisibilité.
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