Le service public sur les rotules. C'est avec cette image pittoresque que RFI fait allusion aux difficultés de la fonction publique britannique qui semble être dans une assez mauvaise position. Parce que si l'on est sur les rotules, dans un usage un peu moins figuré, mais quand même un peu figuré, ce n'est pas le sens littéral, c'est qu'on est épuisé. Et en fait, c'est une représentation expressive, c'est-à-dire exagérée, d'une autre expression : être sur les genoux. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la Délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Le service public sur les rotules. Eh bien, c'est avec cette image pittoresque que RFI fait allusion aux difficultés de la fonction publique britannique qui, en effet, semble être dans une assez mauvaise position. Alors, augmenter les impôts pour renflouer ses institutions semble être l'une des propositions que Rishi Sunak, qui souhaite être le prochain Premier ministre du Royaume-Uni, a faite. Et si ce service public est sur les rotules, c'est qu'il va très mal, faute de budget suffisant.
Parce que si l'on est sur les rotules, dans un usage un peu moins figuré, mais quand même un peu figuré, ce n'est pas le sens littéral, eh bien si l'on est sur les rotules, c'est qu'on est épuisé. Et en fait, c'est une représentation expressive, c'est-à-dire exagérée, d'une autre expression : être sur les genoux.
Alors, est-ce qu'on peut dire que la rotule, ça serait un superlatif du genou ? Qu'est ce que c'est d'abord qu'une rotule ? C'est ce petit os plat qui est situé sur le devant du genou. Donc la rotule, c'est bien un os, alors que le mot genou, lui, désigne l'ensemble de l'articulation. La rotule, c'est donc presque un intensif du genou, un genou au carré, quand on l'utilise de manière figurée.
Et on le sait bien, si l'on est sur les genoux, c'est qu'on n'en peut plus. On est fatigué, mais alors au point de ne plus pouvoir marcher comme si on était tombé de fatigue sur les genoux, faute de pouvoir tenir sur ses jambes. Et la formulation, elle est facilement compréhensible. Et la représentation d'ailleurs, elle est purement physique, il n'y a rien de symbolique là dedans.
Alors que très souvent justement, ces genoux, ils ont souvent à voir avec un symbolisme religieux qui prend sa source dans des postures de prière. Se mettre à genoux, comme on dit, s'agenouiller dans la tradition chrétienne, mais pas seulement d'ailleurs, c'est se mettre dans une position d'humilité par rapport à son créateur : soumission, reconnaissance d'une volonté et d'une puissance supérieure.
En revanche, dans le langage amoureux, c'est différent. Se mettre à genoux devant une femme, ça évoque, par comparaison, une posture de l'amour courtois. L'amant supplie que son amour soit accepté, voire récompensé. Et c'est une figuration de toute une gestuelle amoureuse, une sorte de symétrique inversé de l'amant conquérant qui veut s'emparer de la citadelle féminine. Là, au contraire, il implore grâce et merci en mettant la femme aimée dans une situation de divinité. Mais dans un contexte différent, être à genoux devant quelqu'un peut évoquer simplement la plus grande admiration, sans aucune référence amoureuse.
Et puisqu'on envisage les différents usages du genou dans la langue, on peut enfin se rappeler une expression plaisante : être chauve comme un genou. Qu'est-ce que ça veut dire ? Être chauve comme un genou, être totalement chauve, c'est-à-dire ne pas avoir, comme on dit familièrement, un poil sur le caillou.
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