Il n'y a pas d'épidémie de grippe en vue pour le moment et tant mieux. Mais les jeux ne sont pas faits pour cette saison car ces épidémies, souvent, se déclarent un peu plus tard. C'est pourquoi les campagnes de vaccination contre la grippe ont commencé. La grippe, dans la langue courante, c’est un gros rhume, mais dans le langage médicale, c'est une maladie à prendre au sérieux. Et le mot grippe ? Il est ancien, avec des sens très différents selon les époques. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la Délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Il n'y a pas d'épidémie de grippe en vue pour le moment et tant mieux. Mais enfin, les jeux ne sont pas faits pour cette saison car ces épidémies, souvent, se déclarent un peu plus tard. C'est pourquoi les campagnes de vaccination contre la grippe ont commencé. Parce que, on s'en méfie. C'est une maladie pas si bénigne que ça, parfois sérieuse, parfois grave même. Est-ce que c'est nouveau ? Ben, oui et non. Comment ça oui et non ? Ah, ce n'est pas que la gravité de la grippe ait beaucoup augmenté ces dernières années. Il y a toujours eu des grippes relativement légères, d'autres inquiétantes ou mortelles. La grippe espagnole, à la fin de la Première Guerre mondiale, qui a fait des centaines de milliers de morts. Ou plus récemment, la grippe asiatique. Mais en fait, le problème est ailleurs : peut-être pour qu'on se rassure, le mot même de grippe avait évolué depuis quelques dizaines d'années. On appelait grippe, dans la langue courante, pas dans la langue médicale, un refroidissement, un gros rhume, parfois une petite bronchite. On disait : « Je suis grippé », quand on ne se sentait pas bien. Et on avait fini par imaginer qu'une grippe, c'était une maladie courte, sans gravité, qui partait avec l'hiver. Depuis peu d'années, les médecins ont tenu à préciser les choses. La grippe, c'est autre chose. Ce n'est pas si fréquent, mais c'est une maladie qu'on prend au sérieux.
Et le mot grippe ? Il est ancien, avec des sens très différents selon les époques. Il est de la même famille que griffe et il évoque ce qu'on saisit en recroquevillant les doigts. Souvenons-nous du verbe agripper, c'est un cousin. Et d'ailleurs, l'adjectif grippé, il a plusieurs sens : on peut dire qu'on est grippé si on est atteint de cette maladie, mais c'est un mot qui sert aussi pour un objet qui accroche ou qui ne fonctionne pas comme il faudrait, on parle d'un mécanisme grippé, de rouages grippés. Et le terme grippe, à l'époque classique, vers le XVIIᵉ siècle, désigne aussi une fantaisie, un caprice. Ce qu'on appelait un homme de grippe, c'était celui qui avait des lubies ou des colères soudaines. Et l'expression prendre en grippe, qui est encore très courante en français moderne, c'est-à-dire se mettre à détester quelqu'un ou parfois quelque chose, dérive bien de ce sens, comme un caprice négatif. Alors, est-ce qu'on parle aussi d'influenza ou de grippe influenza ? Ça arrive, mais c'est vraiment rare. Mot technique, médical, qu'on rencontre parfois aujourd'hui simplement par influence de la langue anglaise où il est courant et souvent abrégé en flou. Mais de ce flou, on ne parle jamais en français, même si on est influencé par la langue anglaise.
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