Dans le calendrier des Catholiques, le 2 novembre est la journée des morts. Une journée où l'on honore des morts qui nous touchent de près, de ceux qu’on a aimés et qu’on aime encore. Le mot « mort » s'invite également dans certaines expressions françaises avec des sens variés. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la Délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
De même que le 2 novembre suis le premier et cela, personne ne me le contestera. Eh bien, le jour des morts suit la Toussaint. En tout cas dans le calendrier liturgique des catholiques. Et on parle parfois du jour des défunts pour adoucir l'image. Mais enfin la référence est la même. Il s'agit d'honorer nos morts, comme on dit souvent en utilisant cet étrange adjectif possessif « nos morts ». Il s'agit simplement des morts qui nous touchent de près, de ceux qu'on a aimés, qu'on aime encore. Et la mort, c'est important pour nous, les vivants. Elle s'invite bien souvent pour cela même, dans la langue, avec des sens variés qui parfois se souviennent d'ailleurs de ce 2 novembre, le jour des morts. Ainsi, les champignons qu'on appelle les trompettes de la mort. Ils doivent leur nom au fait qu'on les trouve surtout à cette période de l'automne. Comme pas mal d'autres, les cèpes, les girolles, etc. Mais comme les trompettes sont noires, elles se prêtent davantage à cette précision.
Et parfois, la référence à la mort, elle est tout à fait concrète, littérale « danger de mort », « lit de mort », « menace de mort ». « Être à l'article de la mort », voilà une traduction tout à fait calquée d'une expression latine et qui signifie qu'on vit ses derniers moments. Mais parfois, la mort n'est qu'un risque, n'est qu'une possibilité, le saut de la mort, par exemple, on comprend bien que c'est dangereux, on y risque sa vie. On sait bien aussi que, comme la mort est un état particulier et mystérieux et qui fait peur, on peut s'en servir comme d'un intensif, mais dans une langue familière. Si je préparais un dîner de la mort, un gigot de la mort, un gâteau de la mort, c'est que je me suis donné du mal et que je ne vais pas servir n'importe quoi. Plus qu'un intensif, c'est même un superlatif. Ça veut dire qu'il n'y a rien de mieux pratiquement. Et ça fonctionne toujours de façon positive. Le gâteau de la mort n'est jamais raté. Et d'ailleurs, dans un langage familier, un peu à la mode, surtout chez les jeunes gens et les jeunes filles, on met cette modulation à toutes sortes de sauces : un blouson de la mort, un pantalon de la mort, une casquette de la mort. J'ai même parfois entendu, par exagération plaisante « de la mort qui tue ». Voilà un pléonasme, mais qui est expressif. C'est fait exprès et ça n'a rien d'une étourderie. Et cette expression « de la mort » qui suit en général un nom en rappelle une autre dont la construction est différente « à mort ». Et le plus souvent, cela s'applique à une action, un verbe. Je travaille à mort, c'est à dire je travaille beaucoup et même plus que ça, et ça indique parfois une adhésion et même un enthousiasme. Je suis, je suis à mort pour... Syntaxiquement, la formule est contestable, c'est vrai, mais on l'entend encore une fois, surtout chez les jeunes gens.
Alors on a abordé quelques locutions courantes. Mais l'idée de la mort est vieille. La langue s'en est saisie depuis longtemps. De nombreuses formules l'utilisent. Certaines sont encore courantes dans le langage d'aujourd'hui. Quand on dit « ce n'est pas la mort », on ne met même pas la négation là, parce qu'on est dans la langue familière : « c'est pas la mort » et même « c'est pas la mort du petit cheval ». Ce n'est pas, ce n'est pas si cher que ça. Après tout, on peut peut-être se le payer.
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