Mao Zedong était surnommé le « Grand Timonier », mais d'où vient ce surnom donné au chef d'État de la république populaire de Chine ? Le « timonier » peut aussi être un roi, une reine, un empereur, une impératrice, et concentre le pouvoir. Alors, quel est le lien avec l'univers de la navigation maritime ? Pour avoir une réponse, écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
C'est le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Mort de Jiang Zemin, nous apprend RFI. Jiang Zemin, qui avait pris la suite des timoniers historiques qui étaient Mao Zedong, puis Deng Xiaoping à la tête de la Chine, c'est également RFI qui nous l'apprend. Alors, il s'agit là de ceux qu'on a surnommé « le Grand Timonier » puis, « le Petit Timonier », et ensuite quelqu'un qui n'a même pas droit à ce surnom. Peut être pour Jiang Zemin, c'est vrai. Mais ce surnom de « timonier » nous en apprend pas mal sur la société qui l'a fait naître. On l'a compris, le timonier, c'est le chef de l'État. Quel genre d'État? Sûrement pas une nation démocratique, sûrement pas une nation dirigée par un président élu, ou un Premier ministre issu lui aussi d'une élection. Donc au pouvoir pour un mandat un certain temps déterminé par une constitution. Alors, vous allez penser qu'il y a certains présidents qui passent leur vie au pouvoir avant de le céder à leurs enfants. Parfois, c'est vrai, mais dans ce cas là, il ne s'agit pas non plus d'État vraiment démocratique. On est plus proche d'une royauté ou d'un empire. Des pays qui sont dirigés par un seul - ou une seule, plus rarement - un roi, une reine, un empereur, une impératrice qui concentrent de nombreux pouvoirs entre leurs mains. Est-ce que c'est le cas du timonier ? Oui, certainement. Mais l'image est différente. Elle est là pour révéler comment il accepte d'imposer son pouvoir à son peuple.
Le timonier, qu'est-ce que c'est au départ ? Celui qui dirige le bateau, qui tient le gouvernail. Parce qu'en effet, ce qu'on appelle un « timon », c'est le dispositif qui permet de diriger cette embarcation, même si au départ, le sens de ce mot « timon », est plus rural. C'est-à-dire que c'est une charrue. Mais le timonier, il est là pour garder le cap. Il est responsable de l'itinéraire que suit le bateau. Et de façon métaphorique, on comprend très bien comment cela peut s'appliquer à un chef d'État qui indique la direction à suivre. L'image n'est pas celle qui correspond à une démocratie, on vient de le dire. Pourquoi? Parce que ce timonier ne tire pas sa fonction d'un choix populaire. Le timonier, on lui fait confiance et le lien qui le lie aux passagers est bien différent. On s'en remet à lui, on se confie à lui. Il y a une relation beaucoup plus affective, avec une acceptation totale des conséquences que ça peut avoir. Alors, est-ce que c'est comme le capitaine du bateau dont on disait qu'il était « seul maître après Dieu », ce qui laisse une latitude assez importante... Oui, un peu d'une certaine façon, et comme le capitaine du bateau, on a un vocabulaire qui renvoie à une dictature. De même que le choix du mot « Führer » pour l'Allemagne nazie. « Führer », c'est-à-dire le guide. Le fonctionnement est tout à fait le même et il ne s'agit pas de mettre en doute les directions qui ont été évoquées par Hitler ou par Mao. La comparaison nautique se retrouve en français dans une autre expression qu'on entend « être à la barre ». Là encore, c'est diriger l'embarcation, non pas régler la vitesse comme pour une automobile ou un avion, parce que la vitesse, c'est le vent qui décide. Mais par contre, régler la direction, ça oui !
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