Sommeil
Publié le : Modifié le :
Silence, s'il vous plaît ! Aujourd'hui, focus sur le mot « sommeil », qui est le symétrique inverse de l’état de veille : c’est le moment où l’on dort. On peut dormir de différentes manières : Si l'on est serein, on parle alors d'un « sommeil profond » ou alors d'un « sommeil du juste ». Mais le sommeil peut aussi concerner une maladie qui sévit en Afrique, ou encore... les ordinateurs ! Alors, chut... On écoute les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
La maladie du sommeil vaincue ? Ce n'est pas sûr, mais enfin, quand même, il semble qu'on soit sur la bonne voie. RFI en témoignait récemment et nous parlait des essais prometteurs de nouveaux médicaments qui pourraient vaincre, sinon éradiquer, c'est-à-dire supprimer pour de bon cette maladie qui essentiellement frappe le continent africain. Maladies du sommeil. Alors voilà une formulation dont on sent bien qu'elle est courante, mais pas scientifique. Pourquoi ? Parce qu'elle est trop imagée pour évoquer ce qu'on appelle médicalement la trypanosomiase, qui se caractérise essentiellement par une léthargie, une fatigue excessive qui diminue l'allure de la vie et qui d'ailleurs bien souvent est à terme mortelle.
Alors tout le monde connaît le sens du mot sommeil. On sait que c'est le symétrique inverse de l'état de veille. C'est le moment où l'on dort et parfois encore, dans un langage plus ou moins médical, on peut parler de sommeil paradoxal. Drôle d'expression d'ailleurs, mais qui désigne les moments où l'on rêve. Cela s'oppose à un sommeil plus profond, donc on peut parler de sommeil profond, agité, etc. Et puis, de façon plus métaphorique, on parle de dormir, du sommeil, du juste quand on évoque un sommeil tranquille, sans remords, sans angoisses. Mais c'est plaisant parce que la plupart du temps, quand on parle de sommeil du juste, on fait allusion à quelqu'un qui a quelque chose à se reprocher. Mais comme on le dit souvent, ça ne l'empêche pas de dormir. C'est à dire que la culpabilité ne l'étouffe pas, ne le trouble pas. Il n'y a pas d'expression particulière avec ce mot. On ne dit pas « faire sommeil » alors qu'on utilise ce verbe faire dans des expressions cousines assez fréquentes. En revanche, dans un langage enfantin, on dira « faire dodo » et on comprend bien l'origine de l'expression. C'est une répétition de la première syllabe du verbe dormir qui donne « dodo ».
Il y a des degrés pour le sommeil ? Quelques-uns. On peut parler de demi-sommeil, de somnolence. C'est à-peu-près l'équivalent. Et bien sûr, on parle du sommeil éternel, un euphémisme pour nous tranquilliser et pour désigner la mort. Il y a quand même un sens figuré important pour ce mot. On parle d'une activité ou d'une société qu'on met « en sommeil » Elle n'est pas supprimée, elle n'est pas éteinte, mais elle connaît un temps de latence. Rien ne se passe. Une association, par exemple, peut rester en sommeil quelques années. Si elle n'est plus active, il suffit de la réactiver. De même, un ordinateur. La session n'est pas supprimée, mais les fonctions semblent arrêtées. On enfonce une touche et hop, ça repart ! Est-ce que c'est une hibernation ? On en est pas loin. En effet, ce mot qu'on évoquait récemment à propos de l'hiver dont il dérive, désigne la période pendant laquelle certains animaux se réfugient dans un engourdissement général. Et là encore, on peut trouver le mot avec un emploi dérivé : une société qui « hiberne », elle ne fait rien pour l'instant, mais elle n'a peut être pas dit son dernier mot.
Voir moins Voir plus