Les mœurs sont les façons de se comporter des gens, les usages, les manières de vivre, d’agir. Le sociétés créent d'ailleurs des polices ou des brigades pour les surveiller et les contrôler. Ce mot de mœurs est très intéressant en français. Comment le prononcer ? Doit-on faire sonner le « s » final ? Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture.
Yvan Amar.
Suppression de la police des mœurs en Iran. S'agit-il d'une reculade ? Est-ce que le pouvoir iranien plie devant la pression de la colère populaire ? Sûrement un peu parce que ces brigades qui s'en prenaient notamment aux femmes dont le foulard n'était pas mis conformément aux injonctions du pouvoir religieux. Eh bien, ces brigades sont supprimées. La police des mœurs donc, était chargée de réprimer les comportements considérés comme « contraires aux bonnes mœurs », c'est-à-dire choquant, outrageant. On sait bien que ce genre de comportement visait essentiellement les femmes qui réclamaient un minimum de liberté. Alors revenons à notre mot de « mœurs » qui, en français, est tout à fait intéressant, ne serait ce que par sa prononciation. Comment doit-on dire ? Est-ce qu'on doit faire sonner le « -s » final ? Est-ce qu'on doit parler des mœurs ou des mœurs ? Des mœurs ? On l'entend bien souvent. Est-ce que c'est une prononciation qu'il faut condamner ? Les puristes conseillent de ne pas prononcer le « -s », mais l'habitude a été prise depuis tellement longtemps que cette façon de dire passe assez inaperçue aujourd'hui. Elle n'est pas franchement populaire, elle n'est pas non plus humoristique, elle est comme on dit, « passée dans les mœurs » ou « passée dans les mœurs ».
Un mot maintenant sur le sens de ce mot. Les mœurs sont les façons de se comporter des gens, les usages, les manières de vivre, d'agir. Parfois le terme porte avec lui l'idée que ceux qui ont des « mœurs particulières », des mœurs qui méritent qu'on les décrive, qu'on en parle, sont différents des autres, notamment de ceux qui les observent. Donc on pourrait dire que les mœurs, ce sont les façons d'être des autres, de ceux qui ne ressemblent pas totalement à la majorité d'une population. Mais enfin, le terme a souvent un écho un peu moralisateur, comme ce qu'on vient d'entendre à propos de ce qui se passe en Iran. Il ne s'agit pas de groupes sociaux qu'on va chercher ailleurs que chez soi. On peut employer le terme sans même le décrire, à l'aide d'un adjectif. Si l'on dit d'un air scandalisé : « Oh, quelles mœurs ! », on sous-entend : « Quelles mœurs dépravées ». Donc le mot est compris par rapport à une distinction du bien et du mal. Et d'ailleurs, il s'est spécialisé depuis longtemps en français pour désigner des comportements sexuels. Quand on dit de quelqu'un : « Il a des mœurs ou elle a des mœurs très libres ». On dit ça d'un ton pincé, comme si on le condamnait. Et puis les noms qui ne sont pas si anciens, même s'ils ne sont plus officiels, de quelques services policiers, attestent cette particularité de signification. On a parlé par exemple de la « police des mœurs ». On a parlé de la « brigade des mœurs » qui était censée de s'occuper spécialement surtout des problèmes de prostitution, mais aussi de prohibition de certaines attitudes, de ce qu'on appelle les attentats à la pudeur.
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