Des pôles, il y en a deux, au nord et au sud. Et on sait bien que dans ces régions, hiver ou pas, il fait très froid! L’adjectif polaire s’applique donc d’abord à des lieux du globe opposés. Mais les «pôles» peuvent aussi être complémentaires pour désigner une zone de compétence, ou encore pour nommer un trouble psychiatrique. Le mot pôle se décline de bien des manières. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Un froid polaire s'est abattu sur l'Ukraine, nous apprend RFI, c'est-à-dire un froid hivernal. Un froid terrible, rendu plus difficile à supporter encore à cause des difficultés à se chauffer que connaît la région à cause de la guerre. Un froid polaire. C'est donc une expression figurée, un froid comme au pôle. Aussi froid, donc aussi terrible qu'au « pôle ». Qu'aux « pôles » au pluriel d'aielleurs, parce qu'il y en a deux hein, au nord et au sud. Et on sait bien que dans ces régions, hiver ou pas, il fait très froid. Donc l'adjectif polaire s'applique d'abord à des lieux du globe, les deux extrémités nord et sud de l'axe autour duquel semble tourner la terre. Et en principe ce sont des points, mais en fait ce sont des zones que les géographes délimitent par le cercle polaire : les deux calottes qui sont aux antipodes l'une de l'autre. Donc, le mot est d'abord géographique, et puis ensuite il est plus imagé. Par exemple, on va parler des ours polaires, les ours blancs qui vivent dans les régions les plus nordiques. On va parler également de l'étoile polaire qui depuis l'hémisphère nord indique en gros cette direction. On remarque d'ailleurs que quand on ne précise pas et qu'on parle d'un pôle, on entend tout de suite le pôle Nord. Et par extension, le mot désigne une laine très chaude, donc utile par grand froid. Et d'adjectif d'ailleurs, il devient substantif : une « polaire », c'est un vêtement particulièrement chaud. Tout ce qui s'apparente aux pôles semble donc faire frissonner.
Tout ? Non, pas vraiment, parce que ce terme de pôle, il a bien des emplois différents. D'abord, il renvoie évidemment à l'idée de contraires, de points où parfois d'idées, ou d'opinions qui sont opposées. Si je dis : « Dupont et Durand sont aux deux pôles opposés du parti où ils militent tous les deux », ça veut dire qu'ils ne sont pas du tout d'accord. Ils sont aux deux bords extrêmes de ce parti. Et souvent d'ailleurs, on qualifie le mot : « aux deux pôles opposés », pas uniquement aux deux pôles. Ou bien alors, cela désigne une zone, un centre d'intérêt, de travail. « Dans cette usine, il y a un pôle fabrication, un pôle vérification » ; « dans une entreprise, un pôle production et un pôle communication ». Voilà des expressions qui, la plupart du temps, appartiennent à un jargon professionnel.
Quant à ce qu'on peut appeler une « polarité », c'est simplement une tendance. Ainsi d'ailleurs s'explique le mot bipolaire qui appartient, lui, à un vocabulaire psychologique relativement récent, car celui ou celle qui est bipolaire passe d'un extrême à l'autre, d'une humeur à l'autre et même d'un comportement à un autre apparemment inverse. Alors le mot n'est pas toujours utilisé de façon médicale, mais il est relativement à la mode et il remplace plus ou moins dans une langue usuelle ce que naguère on nommait maniaco-dépressif, c'est-à-dire deux états psychiques inverses, l'un caractérisé souvent par une suractivité développée à l'excès d'apparence fébrile, l'autre par un état d'abattement et de doute. Et bien quelqu'un qui est maniaco-dépressif passera alternativement d'un état à l'autre. On peut l'appeler un bipolaire.
Voir moins Voir plus