Désamour, un mot encore assez rare, mais qui se répand, qui tout doucement commence à devenir à la mode. Et on voit tout de suite de quoi il s’agit : on évoque un attiédissement ou même un refroidissement progressif d’un sentiment qui se dissout entre deux personnes. On pourrait presque le rapprocher d’un autre mot : le démariage, moins courant encore... Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture.
Yvan Amar.
Lors de la visite en Côte d'Ivoire de Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères française, le désamour entre les populations africaines et la France a été évoqué. Désamour, c'est le mot qu'on peut relever dans les informations de RFI. Un mot encore assez rare en français, mais qui se répand et qui, tout doucement, commence à devenir relativement à la mode. On l'a entendu quand même ces derniers temps, disons depuis une dizaine d'années, avec cet effet un peu chic qui accompagne les termes qui émergent dans la langue. Alors, est-ce que c'est un mot nouveau ? Eh bien non parce que justement, il apparaît en français dès le XIIIᵉ siècle. Seulement une longue éclipse, une disparition, l'a éloigné du vocabulaire ordinaire, et il revient tout doucement, en catimini, mais sans aucun problème de compréhension. Désamour : on voit tout de suite de quoi il s'agit. On évoque un attiédissement ou même un refroidissement progressif d'un sentiment qui se dissout entre deux personnes, ou bien dans des situations toutes différentes, comme c'est le cas dans l'exemple que nous donnions. On pourrait presque le rapprocher d'un autre mot le démariage, moins courant encore, mais lui aussi qui apparaît avec le dernier siècle et qui ressuscite depuis une langue bien ancienne, désamour comme démariage existaient en ancien français. Mais le mot démariage, il est suffisamment vague pour évoquer des situations bien différentes, mais parfois tout à fait contemporaines. Démariage, c'est-à-dire la fin d'un mariage, quelle qu'en soit la raison : décès, mais aussi éventuellement divorce, ou même peut-être à la limite, quand on parle de la rupture d'un pacte, on peut évoquer un démariage.
Et le désamour, puisqu'il faut y revenir, évoque également la fin ou le relâchement d'un lien : on est proche d'un certain désenchantement, la perte d'un espoir, d'une illusion, la retombée d'un élan... Enfin, la couleur a quelque chose de bien nostalgique.
Alors, bien entendu, revenons à des préoccupations grammaticales, le désamour est masculin, pour la grammaire. Alors qu'on sait que le mot amour, il partage avec deux autres termes français, délice et orgue, cette singularité d'appartenir aux deux genres, masculin et féminin, selon son nombre. Au singulier, l'amour est masculin ; au pluriel, elles, les amours sont féminines. Enfin, elles devraient l'être, elles ne le sont pas toujours. Amours, au pluriel, peut avoir plusieurs sens. Ou bien c'est une sorte de forme un peu emphatique du singulier, une manière de magnifier le sentiment et son histoire. Et là, il n'y a pas vraiment de signification du pluriel : que tes amours soient belles, on peut dire, c'est tout à fait correct, mais néanmoins un peu littéraire, plus écrit qu'oral, sinon dans un discours tout à fait policé. Mais le mot amour désigne aussi bien le sentiment que l'histoire qui le porte, et le plus souvent, alors, il reste au masculin. Le mot désigne aussi ou bien l'être aimé, ou même la chose : « J'ai deux amours, mon pays et Paris », comme dit la chanson. Et là on peut imaginer, même si ce n'est pas certain, que le mot amour est au masculin.
Voir moins Voir plus