Chameau… Un drôle de mot français qui vient d’une langue orientale et qui désigne ce mammifère imposant et bossu. Le mot peut aussi servir d’insulte : « Mais quel chameau ! » Le pelage de l’animal, ce beau beige, sert également à désigner une couleur. Et le dromadaire alors ? Au départ, c’est un adjectif : on parle d’un chameau dromadaire, un chameau qui court. Mais en français courant, le dromadaire est un chameau à une seule bosse. Alors que si l’on parle simplement de chameau, on s’attend à voir deux bosses sur le dos de l’animal... Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le Mot de l'actualité, avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Chameaux et dromadaires sont à l'honneur ! En tout cas, on en parle à la Une de RFI, dont les yeux, comme pour beaucoup d'entre nous, sont braqués sur le Qatar à cause de la Coupe du monde de football, qui nous invite à prendre en compte beaucoup d'événements qui se déroulent là bas au Qatar. Comme par exemple ces courses de dromadaires ou de chameaux. Et, en effet, à l'est de Doha, qui est on le sait la capitale, ont lieu des courses, des activités d'ailleurs qui font partie d'un patrimoine culturel de cette zone géographique.
Alors, chameau, qu'est ce que c'est ? Eh bien, c'est un mot français. Drôle de mot qui vient, en passant par le latin et auparavant par le grec, qui vient d'une langue orientale et qui désigne ce mammifère imposant et bossu. Alors le terme renvoie à une réalité pratiquement inconnue en France, il n'y a pas de chameau, en tout cas pas d'élevage de chameaux, pas de chameaux en liberté, mais on sait que ça existe ailleurs. Donc, le mot évoque un certain exotisme, et un sens figuré qui a un peu plus de deux siècles est encore tout à fait présent. Le mot a servi d'insulte concernant surtout une femme et reste un nom commun. Il a un petit peu le même sens que vache, encore que vache soit utilisé soit comme un nom, soit comme un adjectif, pour un homme ou pour une femme. « Oh, il est vache », c'est-à-dire il est sévère et même avec excès : il est trop sévère, trop méchant, pour un professeur, pour un juge, pour un policier. « Ah, la vache ! », voilà une exclamation familière, évidemment, qui sert à la fois à désigner quelqu'un qui est méchant ou bien c'est une interjection de dépit, même parfois d'admiration. « T'as tout réussi d'un coup ? Oh, la vache ! Chapeau, mon gars ! » Mais quand on dit : « Quel chameau ! » Ça, ça s'adresse beaucoup plus à une femme pour souligner une action perfide, cruelle, méchante, faite par derrière. On n'est pas content : « Ah, le chameau ! »
Alors, le pelage de l'animal, ce beau beige, sert également à désigner une couleur, un manteau poil de chameau. Il peut être en lainage si son coloris évoque l'animal. Et, on utilise parfois un emprunt à l'anglais, « camel », pour la teinte d'un vêtement, un pantalon, un pull over. C'est un anglicisme, c'est vrai, mais on sait aussi que les mots cameil, puis chamell ont eu cours en ancien français. En tout cas, on les écrivait, c'est pour ça qu'on en a la trace. Bon, et le dromadaire dans tout cela ? Le mot est moins fréquent. Il paraît plus technique. Au départ, c'est un adjectif. On parle d'un chameau dromadaire. Dromadaire, ça vient du grec. On y reconnaît la racine drome qui évoque la course qu'on retrouve dans des mots courants vélodrome, hippodrome, etc. Donc, il s'agirait d'un chameau qui court. Est-ce qu'on revient à nos courses du Qatar ? Pas seulement, car en français courant, quand on parle d'un dromadaire, on évoque un chameau à une seule bosse. Alors que si on dit simplement chameau, on s'attend à avoir deux bosses sur le dos de l'animal.
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