Les Coqs contre les Lions, les Lions contre le Coqs ? C’est l’affiche de la dernière demi-finale de la Coupe du Monde : la France face au Maroc. En effet, beaucoup d’équipes engagées dans cette Coupe sont symboliquement identifiées à un animal : le coq pour l’équipe française, le lion pour l’équipe marocaine. Le coq évoque la combativité, et en même temps une certaine force, très masculine, virile même. La silhouette du lion est autrement imposante. En français, c’est le roi des animaux : celui qui règne par la force et la solennité ! Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité, avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Les Coqs contre les Lions, les Lions contre les Coqs : c'est un peu l'affiche d'aujourd'hui puisque la Coupe du monde de football fait s'affronter les équipes de France et du Maroc, dont coqs et lions respectivement, sont les symboles. Alors, en effet, on le sait, il y a beaucoup d'équipes qui sont engagées dans cette Coupe et qui sont symboliquement identifiées à un animal plus ou moins présent dans l'imagerie qu'elles portent. Et on a le coq pour l'équipe française et le lion pour l'équipe marocaine.
Alors le coq, eh bien, depuis le début du XXᵉ siècle, le coq est associé à la France du sport, parfois en demi-teinte, parfois à l'arrière scène. Ce n'est pas l'image qu'on retient le plus, mais enfin on la connaît, elle est courante. Et elle est quand même relativement étonnante parce que les caractéristiques du coq, réelles ou subjectives, sont variées et elles sont même contrastées. Il n'est pas tout bon, il n'est pas tout mauvais, ce coq. Qu'est-ce ce qu'il évoque ? La combativité, ça c'est sûr, et en même temps une certaine force, très masculine, virile même. Mais ses qualités supposées, on est toujours dans l'imagerie, dans le symbole, ne sont pas uniquement positives : on l'imagine bruyant, peut-être d'ailleurs vaniteux. Alors qu'est-ce qui est vaniteux dans l'esprit des gens ? C'est plutôt le paon. Le coq n'est pas le paon, mais il n'en est pas si loin. Et on sait que le ridicule n'est jamais très loin. Alors comment comprendre cette symbolique et qui dure depuis longtemps ? C'est peut-être que le coq est, depuis longtemps aussi, lié à une image française très ancienne, ancestrale, ancrée dans le passé. Il s'agit autant du coq gaulois que du coq français. Et tout ça, probablement, prend sa source dans un vieux calembour, un jeu de mot, lié aux deux étymologies, sans rapport, mais qu'on a rapprochées : parce que le coq en latin, ça se dit gallus, (origine qu'on trouve aussi dans le mot gallinacé), et gallus, ça ressemble évidemment à gaulois, à la Gaule, et c'est peut être pour cela justement que le coq, depuis longtemps, incarne certaines valeurs de la France à l'ancienne.
La silhouette du lion, c'est autre chose. Elle est autrement imposante. On comprend qu'on met en avant une telle représentation, ce qu'on fait d'ailleurs beaucoup de formations. Le Cameroun, mais aussi le Sénégal qui fait de ce fauve son animal fétiche, ou même la Bulgarie, la Macédoine, etc. Mais aujourd'hui, bien sûr, on pense aux Lions de l'Atlas qui représentent le Maroc. On sait que l'Atlas c'est une chaîne de montagnes qui traverse ce pays. Alors ce lion, qu'est-ce qu'il évoque ? En français, mais dans bien d'autres langues, c'est le roi des animaux, celui qui règne. « Vous êtes mon lion superbe et généreux », dit-on dans Victor Hugo. Ce qui précise bien que la force du lion, dans l'imaginaire collectif, n'est pas la cruauté, ce n'est pas le tigre, le lion, il est sûr de sa force, donc de sa puissance. Il peut être magnanime, tolérant, juste. Bah, c'est l'image même du roi idéal.
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