Divine surprise, homme providentiel ! Quand quelqu'un tombe à pic, c'est qu'il arrive juste au bon moment. Comme une idée de surprise - mais de bonne surprise : on ne l’attendait pas, mais il arrive exactement quand il faut ! Mais le mot « pic » sert aussi à désigner le sommet d'une montagne, ou à caractériser les courbes d'un graphique. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
L'homme qui tombe « à pic » pour les bleus. C'est ainsi que RFI présente Randal Kolo Muani, l'un des héros du match en demi-finale de cette Coupe du monde, qui a permis à la France de se qualifier pour la dernière étape. Il « tombe à pic », c'est-à-dire qu'il arrive juste au bon moment. On a une idée de surprise quand on utilise cette expression. Mais attention, une bonne surprise ! Bien qu'elle utilise le verbe tomber, la locution est tout à fait positive. On ne l'attendait pas, mais il arrive exactement quand il faut. Pile ! Divine surprise ! Homme providentiel ! Ce sont un peu les nuances qui colorent cette formule. Il arrive au bon moment, mais aussi au bon endroit. On a la précision dans le temps et dans l'espace, et c'est à la fois soudain, opportun et inattendu, juste au bon moment, à point nommé pourrait-on dire, comme une flèche bienfaisante qui se planterait dans le mille de la cible. Et en effet, si on parle d'un pic, on a à l'esprit quelque chose qui n'est pas très étendu : un point, une tête d'épingle. Ce mot dérive-t-il de piqué ? Pas directement, mais lointainement, les deux termes appartiennent à la même famille. Et la formation « à pic » évoque évidemment la verticalité, ce qui se comprend de façon d'abord géographique. Qu'est-ce que c'est qu'un pic ? Un sommet. En France, on a le Pic du Midi, le Pic Blanc, il y en a d'autres, hein ! Le pic de Chamoissière par exemple, des point culminant dans les Alpes ou les Pyrénées. Et ce qu'on appelle un « à-pic », parce que ça peut être un nom commun, et bien c'est un précipice. Une descente tellement pentue qu'elle en est presque verticale.
Et cette image de verticalité peut évoquer une ascension, une montée, ou bien se voir dans l'autre sens, couler à pic. Et là c'est plus maritime, c'est couler directement : on descend droit au fond. Mais le point de vue part du haut pour descendre, on parle d'« à-pic », si l'on est au sommet et qu'on regarde tout au fond. Donc le pic, c'est le point le plus haut et bien souvent, on va se servir de cette image de façon figurée, par exemple à propos de l'évolution d'une situation. Pour une contagion par exemple, comme celle qu'on a connu avec le Covid-19 et ses vagues successives. On a pu se demander si l'épidémie était « à son pic », ou si le pic était passé. Et cette façon de s'exprimer est bien typique de la langue, de la façon de parler d'aujourd'hui. Elle n'est pas si ancienne d'ailleurs, elle correspond à un imaginaire du schéma. Pour mieux les comprendre, on représente les réalités sous forme de diagrammes pour montrer l'évolution. Donc on a une ligne qui se poursuit horizontalement, au fil du temps qui passe, et puis qui peut monter ou descendre pour marquer son évolution. Et cette figure peut bien sûr faire penser à la représentation d'une chaîne de montagnes, ce qui permet de comprendre l'usage du mot pic.
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