Ce qui a inquiété les Californiens, hier, c’est bien une secousse sismique, un séisme. Les deux expressions ont le même sens. Séisme est un mot savant qui dérive du grec et d’un verbe qui signifie secouer. Savant par sa forme : l’expression tremblement de terre a quelque chose de plus familier. Et ce mot, séisme, est passé dans le vocabulaire courant, avec souvent un sens figuré. Un séisme, c’est un bouleversement très fort et en général inattendu. L’expression secousse sismique, elle, a gardé une signification beaucoup plus littérale. Parfois critiquée, et de façon bien abusive, car elle est qualifiée de pléonasme… Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Un séisme a frappé, hier, le nord de la Californie, aux États-Unis. Fort heureusement, sans déclencher de catastrophe majeure, pas de tsunami en vue. Bien que cette secousse sismique ait eu une magnitude importante : 6,4 sur l'échelle de Richter. Alors cette fameuse échelle de Richter représente l'étendue possible de l'intensité du tremblement de terre et puis on parle de magnitude pour désigner son intensité avec un mot spécial qui désigne la force, la grandeur du séisme, parce que justement le terme dérive de Magnus, ce qui en latin signifie grand.
Mais ce qui a inquiété les Californiens, c'est bien une secousse sismique, un séisme.
Et ces deux expressions, secousse sismique ou séisme, ont à peu près la même signification. Séisme : c'est un mot savant qui vient du grec, d'un verbe qui signifie secouer. Alors, il est savant par sa forme. On voit bien que l'expression tremblement de terre, de même sens, a quelque chose de plus familier : on constate l'effet. Séisme est construit sur la même image, mais sa terminaison évoque une expression plus scientifique. Alors même que le mot est assez étrange parce que, logiquement, on aurait dû dire un sisme, seulement voilà on dit un séisme, alors même que le radical sisme, il est encore bien présent en français dans plusieurs mots : sismologie, l'étude des séismes, sismographe, l'appareil qui mesure, qui enregistre la force de la secousse. Les mots sont tout à fait techniques. Séisme, lui, même s'il a une origine scientifique, on l'a dit, est un mot passé dans le vocabulaire courant, avec souvent d'ailleurs un sens figuré, analogue peut-être, même plus fréquent que tremblement de terre. Un séisme, c'est un bouleversement très fort, en général inattendu, et on peut employer le mot, par exemple, après des élections dont le résultat a totalement transformé un paysage politique : « Ah, quel séisme, ce n'est plus du tout comme avant. »
L'expression secousse sismique, elle, elle a gardé une signification beaucoup plus littérale, et d'ailleurs elle a été, à une certaine époque critiquée de façon tout à fait abusive, d'ailleurs on n'aurait pas dû la critiquer, on l'a qualifiée de pléonasme. L'adjectif sismique porte en lui l'idée de la secousse, c'est vrai, et c'est grâce à son origine. Donc les puristes ont condamné l'expression comme si elle ne signifiait que secousse secouée, ce qui est tout à fait faux parce que l'adjectif sismique apporte une précision extrêmement importante : il s'agit d'un phénomène géologique qui concerne la vie de notre planète. Parce que toute secousse n'est pas sismique. Si je secoue, par exemple, un biberon pour dissoudre du lait en poudre, la secousse, elle est réelle, mais elle n'a absolument rien de sismique. La secousse sismique, c'est autre chose, ça concerne l'écorce terrestre.
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