Un SMS d’Ursula von der Leyen fait polémique. Un SMS ou un texto ? Mystère et éclaircissements ! Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Voici qu'Ursula von der Leyen est dans l'embarras à cause de SMS échangés avec le patron de la firme pharmaceutique Pfizer pour négocier il y a quelque temps l'achat d'un grand nombre de doses de vaccins lors de l'épidémie de Covid. Alors, des textes très clairs indiquent que toutes les communications de l'Union européenne doivent être rendues publiques et il est vrai que ces SMS sont restés dans l'ombre. Petites querelles sans grande portée. Règlement de comptes peut-être, mais l'important c'est le sigle.
On parle bien de SMS. Un sigle extrêmement fréquent que tout le monde comprend aujourd'hui, qui est d'origine américaine puisque cette suite d'initiales, c'est ça. Un sigle signifie Short Message Service, c'est-à-dire service de messages courts. Et c'est en effet l'une des fonctionnalités les plus utilisées des téléphones portables. Au lieu de se parler, on s'écrit. Alors, les initiales gardent l'ordre des mots anglais, c'est très souvent le cas : Short Message Service, SMS. De même que par exemple, on parle de FM pour dire modulation de fréquence et pas de MF. Alors cet anglicisme presque caché choque t-il ? Guère et il ne choque pas beaucoup de monde.
Mais on note quand même un mot tout à fait courant, aussi courant que SMS, sinon plus, qu'il remplace en français et qui est vraiment du français : c'est un texto. Alors c'est du français familier, ça se note, ça s'entend avec cette terminaison en o, comme quand on dit c'est réglo, le populo, etc. Le mot est entré dans un langage tout à fait courant et de plus il a fait des petits. On en dérive en effet, le verbe textoter qui est moins courant, qui est tout aussi familier sinon plus. Je te textoterais mon heure d'arrivée pour que tu viennes me chercher à la gare. Et pour que ce système soit vraiment efficace, le nombre de signes est limité pour chaque message, ce qui explique cette idée de short messages, de messages courts. Et c'est ça également qui va expliquer que ce soit développer une graphie particulière. L'orthographe SMS, dit-on parfois en soupirant de désespoir si on imagine qu'on voit là la mort de l'orthographe traditionnelle. Ce qui n'est pas totalement impossible d'ailleurs. Mais on écrit « tkt » pour dire ne t'inquiète pas maman chérie, on écrit « c4c » pour dire s'efforcer, « ckc » avec trois lettres pour dire que c'est cassé, que c'est brisé. Tout un méli mélo de rébus, d'emprunts à l'anglais et de débrouillardise. Alors, faute de fortifier l'orthographe, cela va en tout cas développer l'habitude d'écrire et une certaine habileté au décryptage.
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