« Organe », ce mot français vient du latin, qui l'emprunte lui-même au grec. Il désigne d’abord un outil, un instrument et s’applique aussi aux parties du corps humain qui ont une ou plusieurs fonctions particulières. Les petites usines internes qui fabriquent, traitent, purifient et éliminent. Et comme un organe a une fonction, il peut s'utiliser pour définir bien des choses de la vie courante. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Un sénateur nigérian mis en examen à Londres pour tentative de trafic d'organes. Voilà un fait divers qui aurait pu recouvrir une réalité extrêmement dramatique. Heureusement, elle n'est pas aussi terrible qu'on aurait pu le craindre, car ce sénateur est soupçonné d'avoir voulu dérober à un jeune homme l'un de ses reins pour en faire bénéficier sa fille. Alors, qu'on aime sa fille, soit. De là à voler le rein de son prochain... C'est un pas de trop !
Mais qu'est-ce que c'est donc qu'un organe ? Le rein est un organe ? Oui, certainement. « Organe », voilà un mot bien français qui vient du latin, qui lui-même l'avait emprunté au grec. C'en est assez pour nous convaincre que le mot est savant et qu'il désigne d'ailleurs d'abord un outil, un instrument, et en particulier un instrument de musique. C'est ça un organe. Et cette signification est encore sensible quand on parle d'organologie, c'est-à-dire l'étude, la catégorisation des instruments de musique. Il y en a qui sont à cordes, d'autres à percussion, à vent, etc. Et puis ce mot français s'est raccordé à son origine ancienne, grecque et à l'un de ses sens après avoir désigné la voix, une signification qu'il a encore souvent de façon ironique : « Oh ! Il a un bel organe ! » Eh bien, le mot s'applique aux parties du corps humain qui ont une ou plusieurs fonctions particulières. Alors, pas les membres, hein. Pas les bras, les jambes, etc. Mais les petites usines internes qui fabriquent, qui traitent, qui purifient, qui éliminent. Par exemple le foie, le pancréas, le cœur, les reins, etc. Attention, pas les voies d'accès qui permettent simplement un transit, hein ! L'oesophage, est-ce que c'est vraiment un organe ? Les intestins ? Oui, certainement. Et en revanche, par extension, on va appeler organes les parties du corps qui permettent une certaine relation au monde et donc une certaine connaissance de ce monde par les sens. Les organes des sens, eh bien ce sont les yeux, les oreilles, les narines, les papilles, etc.
Et toujours par extension de signification, un organe, bien souvent, c'est la partie d'un objet qui remplit une fonction particulière. En mécanique, par exemple : le carburateur est un organe sensible dans le moteur d'une voiture et dans ce cas, c'est tout à fait concret. Mais on peut aussi parler du Parlement ou du Conseil constitutionnel en disant que ce sont des organes sensibles de la démocratie.
Et puis, en souvenir, peut-être, de cette ancienne signification qui lie le mot à la voix, le mot d' « organe » s'applique également à ce qui exprime, ce qui donne la voix d'une organisation quelconque : un organe de presse, par exemple, un journal, une radio, etc.
Et il y a bien un saut important à faire pour comprendre comment le mot est à l'origine du verbe « organisation » et de la notion même d'organe. À l'origine du verbe « organiser » et de la notion même d'« organisation ». Mais l'idée d'interdépendance permet de comprendre ce glissement de sens. Chacun joue sur l'autre et permet un fonctionnement global qui dépasse chacune des parties.
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