Diplomatie de séisme, diplomatie de couloir, de boudoir, de Rolex… Il y a bien des modulations dans ces approches diplomatiques, qui révèlent des comportements bien différents... Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
« Méfions-nous de la diplomatie du séisme ». Une phrase que j'ai entendue récemment et qui veut mettre en garde contre de nouvelles alliances, de nouvelles tolérances qui peut être pourraient apparaître, se faire jour, notamment après la catastrophe qui a dévasté une partie de la Turquie et la Syrie. Alors, à la faveur des aides, des assistances, de la solidarité tout à fait légitime, suscitées par ces tremblements de terre, certaines personnalités pourraient peut-être devenir plus fréquentables. On pourrait se rapprocher de certains chefs d'État, de certains gouvernements en oubliant un petit peu un passé dictatorial.
Alors, on voit bien que ce qu'on appelle la diplomatie, bah ça se... ça se module, ça peut changer de forme en fonction des situations. Les relations politiques se précisent par rapport au contexte où elles entrent en jeu. Et on a toute une série d'expressions parfois pittoresques, parfois moqueuses, parfois très précises, qui décrivent ces différentes diplomaties. Ainsi, on a parlé, il y a assez longtemps déjà, on a parlé de la diplomatie de la canonnière. C'était au tournant du XXᵉ siècle. Et là, le mot diplomatie, bien sûr, il est extrêmement ironique, il n'a rien à faire là en fait. Rien n'est diplomatique là là-dedans. On y sent au contraire toute la violence coloniale. Il s'agissait de tirer au canon depuis un bateau au large des côtes pour intimider les populations.
Mais on a parlé aussi de diplomatie de guerre, de diplomatie de crise et parfois des expressions particulières selon les modalités des relations diplomatiques sont intervenues : diplomatie de couloir. Ah ça, ça évoque des relations informelles qu'on peut toujours nier après, des rencontres officieuses faites comme par hasard, même si en fait, elles ne doivent rien au hasard. Et plus proche du roman, mais attesté par l'histoire, on a aussi parlé non pas de diplomatie de couloir, mais de diplomatie de boudoir, lorsque des intrigues de séduction ou d'amour permettaient une sorte d'espionnage de l'oreiller ou des concessions arrachées à la volupté. Alors, on peut penser bien sûr à la littérature Milady Winter qui fait les yeux doux au duc de Buckingham et à d'Artagnan et à d'autres, les trois mousquetaires, plus proches de nous par exemple, les aventures de James Bond.
Alors, moins romanesque, on entend également parler de diplomatie de la Rolex, ce qui évoque évidemment les petits ou les gros cadeaux faits à des émissaires ou même à des puissants pour influer sur leur décision. Pourquoi diplomatie de la Rolex ? Rolex c'est une marque de montres tout à fait réputée. C'est un bijou symbolique, cher. On le met au poignet et cela peut parfois servir à se faire des alliés discrets. Et là, bien sûr, nous sommes dans une diplomatie de la corruption.
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