Fashion Week, fashionista, fashion victim, fashion faux-pas… Voilà un anglicisme qui fait des petits. Mais auront-ils la vie longue ? Fashion en tout cas, et même l’adjectif fashionable hantent la langue française depuis un bon siècle et demi... Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
La Fashion Week vient de s'ouvrir et si RFI et d'autres médias francophones l'appelle ainsi, c'est parce que ses animateurs en parlent comme ça eux aussi. Fashion Week, un anglicisme évidemment, mais qui s'implante même si la manifestation glisse des pays anglophones vers l'Italie, vers la France, etc. Et parfois même dans la presse, on repère l'expression semaine de la mode. Il faut avouer qu'elle est moins fréquente que l'anglicisme Fashion Week. C'est aussi que le mot anglais « fashion » est lui-même à la mode. Et d'ailleurs, pour aller plus loin, la mode est à la mode. C'est ainsi qu'on entend parler, par exemple, de « fashion victim ». Anglicisme de nouveau, bien sûr, pour désigner de façon ironique et plaisante, comme si l'expression était entre guillemets, ceux et celles qui sont les esclaves de ces vogues vestimentaires qui dépensent trop d'argent, achètent trop de vêtements, en changent trop souvent, etc. Et si l'on dit de quelqu'un de façon un peu affectée, « il est très fashion », cela veut dire qu'il est très sensible à ces courants qui changent vite.
Alors, d'autres mots, d'autres inventions sont venues s'incruster dans ce tableau : fashionista, par exemple, ça fait sourire. Alors, on est dans ce vocabulaire un peu snob, facilement ridicule. Mais le sujet veut ça, les mots jonglent avec les origines. On sait que le mot fashion a été très en vogue, il y a longtemps dans le courant du 19e siècle. Pas chez tout le monde, c'est un mot précieux, mais c'était le mot des dandys et qui parlaient du dandysme. Mais ce serait mal l'évaluer que de penser qu'il est né sur le sol britannique, parce que la fashion, elle est d'origine française. Au départ, c'est la façon. Le mot anglais vient de là, la bonne façon soit de couper un tissu, soit de le porter. On en revient toujours à cette idée de bonnes manières. Quant à la fashionista, c'est-à-dire l'obsédé de la mode. Et le mot est plutôt utilisé au féminin. Elle fait un détour par l'Italie avec cette terminaison bricolée qui évoque un pays où la mode vestimentaire a également été extrêmement prisée bien sûr.
Et puis on peut terminer ce parcours polyglotte avec le « fashion faux pas ». Là encore, voilà un cliché probablement éphémère, typique de ceux qui se donnent comme les arbitres du bon goût, mais intéressant parce que il lit ce mot « fashion » qui est un mot anglais construit sur du français, au mot « faux pas », au mot « faux pas » qu'on peut presque prononcer à l'anglaise parce que c'est une expression française très utilisée par les anglophones. Donc, on parle de « fashion faux pas », c'est la faute de goût quoi.
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