8 mars : c'est la Journée internationale des droits des femmes. On lit pourtant parfois « du droit de la femme ». Des femmes ou de la femme ? Du droit ou des droits ? On ne parle pas exactement de la même chose selon qu’on emploie le singulier ou le pluriel... Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
Le mot de l'actualité, avec la Délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar..
8 mars aujourd'hui, ce qu'on appelle la Journée des femmes, pour être précis, la Journée internationale des droits des femmes ; où, plus que le reste de l'année, espérons-le, on va se préoccuper de la condition des femmes, des problèmes d'inégalité de traitement, d'inégalité de salaire, problèmes d'oppression, de violences, etc.
Alors est ce qu'on parle de la Journée de la femme ou de la Journée des femmes? A priori, on va plutôt favoriser le pluriel ; parce que le singulier, il est tenté de ne reconnaître aux femmes qu'un seul rôle dont elles ne devraient pas trop s'écarter. Et ça donne facilement la femme au foyer, la femme douce et modeste, l'éternel féminin, etc. Un rôle qui, la plupart du temps, est dicté par un imaginaire masculin, par des habitudes masculines. Alors que si l'on parle des femmes, on a plus de chance de reconnaître la multiplicité des conditions et des situations. D'ailleurs, les organisations féministes ne s'y sont pas trompés. On parle du mouvement des femmes, des éditions des femmes. Et même en anglais, on parle du Women's Lib : Women est au pluriel.
Un mot d'histoire : d'où nous vient cette journée internationale ? Eh bien, ce n'est pas une commémoration unique d'un seul jour dont on se souvient. Mais enfin, l'histoire est un peu complexe. Il semble que la première revendication en faveur d'une telle journée se soit fait jour en 1910 à Copenhague. Mais ce n'était pas vraiment le 8 mars. C'était lors d'un congrès de femmes socialistes où Clara Zedkin, grande figure du féminisme du début du XXᵉ siècle, s'était prononcée en faveur d'une telle journée. On semble se souvenir alors d'une grève des travailleuses du textile en Amérique, réprimée par la police le 8 mars 1857. Mais enfin, ce souvenir est tout à fait contesté. On se rappelle aussi que Lénine, dans la toute jeune Union soviétique, aurait institué une journée en souvenir du 23 février 1917, qui vit les ouvrières de Pétersbourg descendre dans la rue pour réclamer du pain et le retour des hommes au front. Mais enfin, le 23 février, ce n'est pas le 8 mars. Cela dit, le début du XXᵉ siècle, c'est bien cette époque où éclôt le féminisme. Féminisme : voilà un mot qui est plus ancien, créé semble-t-il par le libertaire Fourier vers 1834-35. Mais c'est à partir des années 1960 qu'il se déploie. Alors, on a quelques synonymes, pas des synonymes exacts, évidemment, mais on peut penser par exemple aux suffragettes. Un mot qui a été à la mode au début du XXᵉ siècle, qui reste très marqué d'ailleurs par cette époque qui l'a vu naître. C'est un calque de l'anglais et il désigne les militantes qui réclamaient le droit de vote pour les femmes, dans l'Angleterre d'avant la Première Guerre mondiale. Mais attention, il est très souvent ironique, et aujourd'hui on ne l'emploie plus qu'en se rappelant cette période du début du XXᵉ siècle.
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