Vous avez une idée de la durée d’une année-lumière ? Difficile à représenter, puisque justement une année-lumière, ce n’est pas du temps, mais c’est de l’espace, de la distance ! Revenons rapidement sur ce mot paradoxal... Écoutez la chronique d'Yvan Amar, avec sa transcription.
Année-lumière est un mot de l'opération Dis-moi dix mots à tous les temps.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Les dix mots qui représentent en 2023 la langue française ont un rapport avec le temps. C'est bien là le fil rouge qui les lie. Et on peut commencer juste avant l'arrivée de ce printemps précoce, par envisager une expression rêveuse, celle d'« année-lumière ». Rêveuse, en effet, et pourtant elle appartient à la langue scientifique de l'astronomie. Mais il y a quand même une question qui se pose : une année-lumière, est-ce que c'est vraiment du temps ? Ça fait référence à une durée, seulement, très bizarrement, c'est plutôt de l'espace ! Parce qu'à l'aide d'un mot qui nous vient du vocabulaire du temps, « année », on a forgé une notion qui désigne une distance. Il s'agit en fait du chemin que parcourt la lumière en un an, et on sait que la lumière, ça va vite. La vitesse de la lumière, la vitesse qu'elle met pour se propager dans le vide d'un point à un autre, elle est évaluée à 300 000 kilomètres... à la seconde. Ça fait quand même 18 millions de kilomètres par minute. Alors, pensez, en un an, ça nous emmène loin. Eh bien, une année-lumière, cela représente tout ce chemin, donc une distance immense qui n'a de sens que si on envisage l'immensité du ciel. Les distances d'étoile à étoile par exemple. Presque 10 000 milliards de kilomètres pour une année-lumière. Et en effet, cette unité, elle peut servir à calculer l'écart qui sépare les étoiles. La plus proche de la terre, par exemple, est à plus de quatre années-lumière.
Et le mot année-lumière, c'est une notion qu'on peut comprendre mais qu'on a bien du mal à se représenter parce qu'elle est sans proportion avec notre expérience ou notre environnement. Elle évoque par là même une idée assez poétique. On la conçoit, mais on a du mal à imaginer.
Alors on peut utiliser ce nom comme une image : « ce qui est très loin, infiniment loin », une façon de parler de façon superlative. « Il était à des années-lumière de penser que sa femme allait le quitter, qu'il allait être renvoyé, qu'il allait toucher le gros lot à la loterie... » On en rajoute sur le fait qu'il était bien loin de penser à tout ça !
Et puis, par analogie et de façon figurée, on peut évidemment prendre ce mot pour ce qu'il évoque : la lumière, c'est-à-dire la réussite. Et on peut dire : « Dans sa carrière de chanteur, il a eu quelques années-lumière », des années de succès. Et on comprend aussi la séduction d'un titre semblable : « Les années-lumière », c'est un récit de Serge Rezvani dans lequel cet auteur raconte avec ferveur ses années d'enfance et de jeunesse. Et l'expression, évidemment, elle contraste avec la figure inverse : les années sombres, les années noires, les années de plomb.
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