Un journaliste embarqué… De quoi s’agit-il donc ? Est-il à bord d’un bateau, d’une embarcation ? Est-il embarqué dans une sale situation, dans une affaire louche ? Non, il s’agit d’un journaliste intégré, sur la base d'un accord contractuel, à une unité combattante en opération. Il est donc sur le théâtre des opérations, non pas comme un soldat, mais comme un observateur de presse, au plus près de l’action. Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Un journaliste embarqué... De quoi s'agit-il quand on entend cette expression ? Est il à bord d'un bateau ? D'une embarcation ? Est-il embarqué dans une sale situation, dans une affaire louche ? Non, nous n'y sommes pas. Et le site France Terme, qui travaille sur le vocabulaire français pour le ministère de la Culture, vient justement de valider et d'expliquer cette expression. Il s'agit, pour reprendre les termes mêmes de ce site, « d'un journaliste intégré sur la base d'un accord contractuel à une unité combattante en opération ». Donc, c'est un journaliste qui est sur le théâtre des opérations dans le cadre d'une guerre, d'un conflit, non pas comme un soldat, mais comme un observateur de presse au plus près de l'action, ce qui lui donne une position particulièrement bien placée pour comprendre, analyser, pour témoigner de ce qui se passe. Mais bien sûr, il est rattaché à un camp. Il ne sait pas aussi bien ce qui se passe en face et donc il peut avoir des informations remarquablement précises, mais enfin il n'a pas une vue d'ensemble de la zone du conflit.
Il n'empêche, il est embarqué, non pas enrôlé comme les soldats, mais au milieu d'eux, accepté et partageant plus ou moins leurs conditions de vie avec l'accord de l'autorité militaire.
Alors, toujours avec un sens figuré particulier, on retrouve ce mot, embarqué, pour désigner non pas un être humain, mais des objets, du matériel, inséré dans un environnement auquel ils sont intégrés, alors qu'au départ ce n'était pas prévu lors de la construction, de l'élaboration de l'entourage. Donc on peut parler de caméras embarquées dans une fusée par exemple, qui, indépendamment de la marche de l'engin, pourront envoyer sur Terre des images de ce qu'elles frôlent ou de ce qu'elles approchent. Et souvent d'ailleurs, on parle d'électronique embarquée pour des systèmes tout à fait autonomes par rapport aux appareils auxquels ils sont intégrés.
Et ce verbe embarquer, depuis longtemps, il a des usages figurés, tout au moins des échos, des effets de sens un peu spéciaux. Son origine s'entend bien. On embarque quand on monte à bord d'un bateau, au départ d'une barque. Mais enfin, il peut s'agir de n'importe quel navire. Et un bateau, c'est fait pour quitter le port, pour se retrouver en mer, souvent en haute mer, donc loin des côtes. Et là, plus moyen de quitter l'embarcation. Donc être embarqué, ça signifie souvent ne plus pouvoir se sortir d'une situation dans laquelle on s'est hasardé. Et le mot s'emploie surtout si cette situation est imprévue, périlleuse ou simplement embarrassante. Dans quoi est-ce que je me suis encore embarqué ? Avec cette idée qu'au départ on n'était pas très partant, mais qu'on a cédé à des pressions, à des invitations ou simplement à l'occasion qui est là et qui vous tend les bras. Mais dans quoi est-ce que je me suis encore laissé embarquer ? On pourrait dire dans quoi est-ce que je me suis laissé embringué ? C'est à peu près le même sens, avec un mot un petit peu plus familier, alors que embarqué est tout à fait acceptable.
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