Non à la trottinette ! C’est ce qu’ont déclaré 90% des participants à ce référendum parisien. Les votants, dans leur très grande majorité, se sont déclarés opposés aux trottinettes en libre-service qui étaient proposées aux habitants de la capitale française. Mais qu’est-ce donc qu’une trottinette ? Le mot dérive du verbe trotter, le trot est l'une des trois allures du cheval. Et ce verbe trotter, de façon très compréhensible, a pris des significations figurées et s'est appliqué à des humains, il porte l’idée d’aller et venir…Écoutez les explications d'Yvan Amar dans cette chronique, avec sa transcription.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF).
Le mot de l'actualité avec la délégation à la langue française du ministère de la Culture. Yvan Amar.
Non à la trottinette ! C'est ce qu'ont déclaré à peu près 90% des participants à ce référendum parisien. Cette votation, comme on l'a appelé, restait d'ailleurs assez confidentielle, si bien que peu d'électeurs y ont participé. Mais enfin les votants, dans leur majorité, se sont déclarés opposés aux trottinettes en libre-service qui étaient proposées aux habitants de la capitale française. Pourquoi ? Probablement parce qu'on a jugé que ces trottinettes étaient mal utilisées, pas rangées là où il fallait, que leurs emprunteurs, dans l'ensemble, respectaient trop peu les règles de circulation. Bien souvent, on voyait deux personnes sur le même engin. Bref, les trottinettes étaient dangereuses pour leurs usagers et pour les autres. D'autant que bien souvent, on les voyait foncer non pas dans les rues, mais sur les trottoirs. Oh, ça, c'était assez prévisible vu que les mots trottoir et trottinette appartiennent à la même famille, en tout cas à la même famille de mots.
Alors qu'est-ce que c'est qu'une trottinette ? Au départ, un jouet pour enfant : une petite planchette munie de deux roues avec une tige et puis un guidon. On met un pied sur la planche et avec l'autre, on se donne de l'élan, on patine. Ce qui explique pourquoi on appelle parfois ça aussi une patinette. Les deux mots sont pratiquement synonymes. Et depuis quelques années, on avait imaginé des trottinettes pour adultes, souvent munies d'un petit moteur électrique pour faciliter les déplacements en ville. Beaucoup de succès donc, mais pas mal d'imprudence...
Alors évidemment, ce mot de trottinette dérive du verbe trotter, qui s'applique d'abord aux chevaux. Le trot, en effet, c'est l'une des trois allures principales du cheval, avec le pas et le galop. C'est une allure intermédiaire : c'est plus rapide que le pas, mais moins que le galop. Et quand un cheval trotte, il va à petites foulées rapprochées, plutôt étroites, assez régulières. Ce qui permet, par exemple, de comprendre pourquoi l'aiguille qui marque les secondes sur une montre s'appelle la trotteuse. Pourquoi trotte t-elle ? Eh bien, elle avance régulièrement pour faire son tour de cadran, suffisamment vite pour qu'on la voit bouger, contrairement aux autres aiguilles qui bougent, elles, trop lentement pour qu'on s'en aperçoive vraiment.
Et le verbe trotter, de façon très compréhensible, a pris des significations figurées et s'est appliqué à des humains. Trotter, c'est aller d'un point à un autre, sans courir éperdument, mais quand même avec un certain empressement. On a même vu l'expression « se trotter ». Aujourd'hui un peu oubliée, mais enfin encore comprise. « Oh, je me trotte », c'est l'équivalent de « je me sauve », c'est-à-dire je m'en vais sans tarder et la décision semble soudaine. Et le verbe trotter porte encore, dans d'autres emplois, cette idée d'aller et venir. Ainsi, lorsqu'on dit qu'une idée vous trotte dans la tête, c'est qu'elle rôde, elle s'éclipse, elle s'en va, elle revient, ne vous quitte pas vraiment. Ça évoque comme un projet vague en train de germer. Il lui faut un peu de temps pour mûrir, ça n'est encore qu'une idée, mais il arrivera bien un moment où ça se transformera en acte.
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